Barbara Carnevali
Après des études de philosophie à l’École normale supérieure de Pise, Barbara Carnevali a soutenu une thèse sur Rousseau sous la direction de Remo Bodei (2001). Elle a poursuivi sa formation à l’université de Chicago (Fulbright Scholar 2003-2004) et à l’université Paris-Sorbonne (post-doctorat 2006-2008). Elle a enseigné l’histoire de la philosophie moderne et contemporaine à l’université du Piémont, et est actuellement chargée de conférences complémentaires à l’École des hautes études en sciences sociales, Paris. Membre du Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL) de l'EHESS et du Centre de recherche sur les relations entre littérature, philosophie et morale de l’Ecole normale supérieure, elle est également rédactrice des revues de philosophie Iride (Il Mulino) et Iris. Philosophy and Public Debate (Firenze University Press). Ses recherches portent sur la philosophie sociale (esthétique sociale et culture des apparences, théorie de la reconnaissance et du pouvoir symbolique), sur l’anthropologie des passions comparatives (amour-propre, vanité, envie, honneur, gloire, distinction, etc.), et sur les rapports entre littérature et philosophie, dans une perspective tant généalogique que théorique. Elle a publié Romanticismo e riconoscimento. Figure della coscienza in Rousseau, Bologne, Il Mulino, 2004 ; traduction française augmentée Romantisme et reconnaissance. Figures de la conscience chez Rousseau, Genève, Droz, 2012 ; Il mondo delle apparenze. Un'estetica sociale (Bologne, Il Mulino, 2012, sous presse) ; une traduction italienne commentée du Contrat social de Rousseau et des articles sur l’histoire et la théorie de la reconnaissance, Hobbes, la tradition moraliste, Proust, René Girard, Pierre Hadot.
La tradition moraliste a exercé une influence déterminante sur le système des idées et sur le style de Rousseau, en informant les thèmes de sa réflexion sur l’homme, son vocabulaire psychologique, sa sensibilité analytique. En général, c’est en réélaborant l’héritage de la tradition moraliste que Rousseau semble avoir accédé aux deux principes fondamentaux de sa vision de l’homme – l’anthropologie de la reconnaissance et des passions sociales, et la conception spectaculaire de la société. Les thèses et les thèmes développés dans Romantisme et reconnaissance, le livre issu de ma thèse de doctorat, ne me permettaient pas d’approfondir davantage ces intuitions interprétatives ; je souhaiterais le faire à présent en leur consacrant une recherche spécifique, permettant de rendre compte de manière plus systématique de la dette contractée par Rousseau envers Montaigne, Charron, Pascal, Nicole, La Rochefoucauld, La Bruyère et Vauvenargues. Une telle enquête paraît d’autant plus nécessaire qu’en dépit de l’importance des enjeux qu’elle soulève, tant historiques, philosophiques que littéraires, on ne dispose pas d’études récentes et pleinement satisfaisantes sur le sujet. Le questionnement s’organise autour du thème de l’amour-propre. Promis à une vaste fortune historique – tous les auteurs que j’ai retenus consacrent à la question de l’amour-propre une partie très importante de leur réflexion – ce thème permet d’aborder tous les enjeux que comporte la réflexion moraliste sur l’homme, ainsi que de faire apparaître les éléments de rupture et de continuité qui définissent la position de Rousseau au sein de la tradition classique.
Journées d'étude organisées par B. Carnevali et R. Frega, résidents de l'IEA de Paris |
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