Pour une esthétique sociale : nouveaux problèmes, nouvelles approches théoriques (pragmatisme, philosophie analytique, sociologie)
Journées d’étude organisées par Barbara Carnevali et Roberto Frega, résidents de l'IEA de Paris
Présentation
Ces journées d’étude se proposent d’explorer de nouvelles approches dans l’étude du rapport entre esthétique et société, en rassemblant des spécialistes appartenant aux traditions du pragmatisme, de la philosophie analytique, et de la sociologie du symbolique. Ces traditions de pensée fort différentes convergent dans le souci de thématiser le rapport entre esthétique et société au-delà des clichés idéalistes et romantiques, à partir de la primauté des pratiques sociales et de l’expérience ordinaire, et s’accordent sur plusieurs points fondamentaux : elles soulignent la dimension anthropologique de l’art, refusant de faire de l’esthétique une propriété exclusive de certains objets ; elles s’interrogent sur la façon dont les formes esthétiques (styles, codes, manières, rituels) contribuent à construire le monde social et sa dimension phénoménale, en façonnant les apparences des milieux et des acteurs ; elles mettent en question la distinction entre arts majeurs et arts mineurs, en réhabilitant la compétence technique de l’art, sa nature de praxis et sa composante artisanale, sans pour autant la réduire à au motif mythique de l’authenticité (et de la valeur en soi) ; elles refusent de rabattre la problématique de la créativité esthétique sur la figure du génie et sur la primauté de l’intentionnalité artistique du sujet, en révélant des dynamiques quotidiennes de création telles que l’improvisation, le rituel, la mise en scène, et en mettant au premier plan l’esthétique populaire et sa capacité expressive. Ces différentes approches permettent ainsi de s’interroger sur la manière dont l’esthétique, forte de sa compétence dans le domaine des pratiques artistiques et des formes, comme de leurs significations, peut nous aider à penser le monde social. Bien que de manière fragmentaire, elles ouvrent la voie à une nouvelle forme d’esthétique sociale.
Programme
Vendredi 2 mars 9h30 - 13h
Richard Shusterman (Florida Atlantic University)
« Ars erotica– un art populaire ? »
Sandra Laugier (Université Paris 1)
« Esthétique ordinaire, culture populaire »
Roberto Frega (IEA de Paris)
« Science as Art, Art as Practice : l’art, la créativité, la pratique »
Vendredi 2 mars 14h30 - 17h30
Marielle Macé (CNRS/EHESS CRAL)
« Stylistiques de l’existence - un parti pris littéraire »
Andrea Borsari (Université de Florence)
« Georg Simmel et le problème du style »
Filippo Fimiani (Université de Salerno)
« There are things we know we ought to feel : croyances et rhétoriques du beau chez Arthur Danto »
Samedi 3 mars 10h - 13h
Joseph Margolis (Temple University, Philadelphia)
« The Social Space of Interpretation »
Jean-Marie Schaeffer (CNRS/EHESS CRAL)
« L'ontologie distribuée des “objets esthétiques” »
Nathalie Heinich (CNRS/EHESS CRAL)
« Dialogue posthume avec Alfred Gell »
Samedi 3 mars 14h30 - 17h
Paolo D’Angelo (Université de Rome)
« Le dandysme comme forme d’existence esthétique »
Barbara Carnevali (IEA de Paris)
« Habitusformeln : la construction esthétique du prestige »
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