Vivre de paysage ou l’impensé de la raison, Grasset, 2014
Présentation de l’essai de François Jullien
Paysage : « La partie d’un pays que la nature présente à un observateur ». Cette définition familière ne cache-t-elle pas un oubli ? L’espace ouvert par le paysage est-il bien cette portion d’étendue que découpe l’horizon ? Sommes-nous devant le paysage comme devant un « spectacle » ? Est-ce seulement par la vue qu’on peut y accéder ? Que signifie regarder ?
Telles sont les questions que pose François Jullien en convoquant le contre-exemple chinois. En nommant le paysage « montagne – eau », la Chine, qui est la première civilisation à avoir pensé le paysage, nous permet de revenir sur nos partis pris. Elle nous donne à concevoir une autre expérience où le haut et le bas sont corrélés, où l’immobile et le mouvant communiquent, comme ce qui a forme et ce qui est sans forme. Une expérience où le paysage n’est plus affaire de « vue », mais du « vivre ». L’exploration autorise ainsi une remontée vers les choix impensés de la raison.