L'informalité urbaine au Nord et au Sud : imaginaires et agencements
Appel à communication pour un colloque et un atelier de formation doctorale, proposé par Elieth Eyebiyi (IAS, CESSMA) et Saskia Cousin (Paris Nanterre, Sophiapol).
La recherche sur l'informalité se concentre généralement sur les secteurs dits informels, en mettant l'accent sur les sociétés des Suds, en mobilisant la géographie, la sociologie urbaine et l'économie. Cependant, en tant que processus, l'informalité reste consubstantielle à toutes les sociétés au ‘Nord’ comme au ‘Sud’ et offre un champ d'analyse plus large, au confluent de nombreuses disciplines et pratiques sociales et professionnelles. En outre, les travaux tendent à entretenir une certaine dichotomie artificielle entre les espaces urbains et ruraux. Il convient donc d'interroger l'informalité dans une perspective pluridisciplinaire qui transcende la question du travail et laisse place à l'étude des imaginaires, des processus et des pratiques.
Cet atelier vise à examiner dans quelle mesure l'urbanité et l'informalité entrent en dialogue ou en confrontation, se définissent ou se recomposent, sous quelles modalités et temporalités ; et ce à partir de divers espaces géographiques (Nord et Sud). Plus précisément, il s'agira d'interroger d'une part les (nouveaux) visages de l'informalité dans les espaces urbains et semi-urbains, et leurs imaginaires, en se focalisant autant que possible sur les espaces transfrontaliers. D'autre part, l'attention sera portée sur l'analyse des temporalités et des imaginaires urbains de l'informalité. Elle s'intéressera également aux risques et opportunités tels que perçus sur le terrain et auxquels les processus d'informalisation donnent vie, ainsi qu'aux jeux d'acteurs des parties prenantes.
- Imaginaires urbains, risques et opportunités de l'informalité
Traiter de l'informalité nécessite de comprendre différents imaginaires et pratiques. Ceux-ci apparaissent rapidement comme le substrat relationnel nécessaire au développement des activités dites informelles, et le faisceau d'interactions, de négociations, de continuités et de ruptures nécessaires à leur expression. De même, les risques et opportunités auxquels renvoient les processus d'informalisation des sociétés, leur perception, leurs manifestations et leur gestion dans diverses sociétés, seront examinés. Dans une perspective pluridisciplinaire (sociologie, géographie, anthropologie, urbanisme, etc.), cet axe de recherche inclut des réflexions critiques sur l'imaginaire de l'informalité dans la ville ainsi que dans les extensions urbaines. D'autre part, les travaux s'interrogeant sur la déconstruction des mythes et des idées reçues affectant l'analyse des informalités dans divers domaines sont encouragés.
- Informalités, temporalités et recompositions urbaines
Les espaces et les temporalités de l'informalité constituent le deuxième axe de cet atelier. Inscrire l'informalité dans le contexte des mobilités, notamment dans les villes et leurs périphéries, semble prometteur pour examiner les fluctuations, les inflexions, voire les immobilités dans (et par) lesquelles peuvent se déployer diverses activités (orpaillage, exploitation de gares routières, motos-taxis, etc.) et de multiples technologies (adaptations locales, circulation des savoirs et des compétences, usages, etc. Dans ces contextes, les communications prêteront attention aux modes de circulation des savoirs, des technologies et des usages en milieu urbain, ainsi qu'à leurs influences sur les espaces urbains. L'axe accueille également des travaux portant sur le rapport au temps (nuit, jour, autres divisions temporelles) et à des lieux spécifiques pouvant être considérés comme des foyers d'activité quotidienne (gares routières ou ferroviaires, débarcadères, sites aurifères, frontières, etc). Il s'agira de questionner les liens entre informalité et urbanité à travers la médiation d'objets, d'infrastructures " hard " ou " soft ", tout en examinant la manière dont les acteurs prennent en charge les éventuels risques associés.
Candidatures
Les propositions de communication (CV court + résumé de 500 mots maximum) en français ou en anglais doivent être envoyées à eelieth@yahoo.fr avant le 4 mars 2022. L'acceptation sera notifiée au plus tard le 11 mars 2022.
Formation doctorale
L’Atelier comprend un volet consacré à la formation doctorale interdisciplinaire le 7 avril 2022. Les doctorants basés en France ou dans les environs, et travaillant au sens large sur la problématique de l’atelier (questions urbaines, risques, villes, frontières, informalité, marges, etc.), sont fortement encouragés à postuler en remplissant le formulaire disponible ICI (https://forms.gle/1nWaQY5Fa4i7WUWu5) avant le 4 mars 2022. Il leur sera demandé un CV court et le résumé du projet de thèse.
Références indicatives
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Beck U., 2001. La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité, translate from German by L. Bernardi. Paris, Aubier, 521 p.
De Certeau, M. et al., 1990. L’invention du quotidien. Paris: Gallimard.
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Eyebiyi, E., 2016. "Etudier l'Etat à partir de l'informalité. Répression et résistances autour du commerce informel de carburant", Lien Social et Politique, 76 : 77-95.
Jacquot, S. et M. Morelle, 2018. ‘’ Comment penser l’informalité dans les villes «du Nord», à partir des théories urbaines «du Sud»? ‘’. Métropoles [En ligne], 22 | 2018, mis en ligne le 25 avril 2018. URL : http://journals.openedition.org/metropoles/5601
Roy, A., 2009, « Why India Cannot Plan Its Cities: Informality, Insurgence and the Idiom of Urbanization », Planning Theory, 8 (1): 76-87.
Roy, A. et AlSayyad, N. (eds.)., 2004, Urban Informality. Transnational Perspectives from the Middle East, Latin America, and South Asia, Lexington Books, Lanham.
McFarlane, C., 2012. Rethinking informality: politics, crisis and the city. Planning Theory and Practice 13.1, 89–108.
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Economies de l'informalité : contrebande de carburant, risques et urbanité en Afrique de l'Ouest 01 septembre 2021 - 30 juin 2022 |
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