Prendre les Anciens au mot : ce que l'Antiquité fait à la Modernité
Intervention de David Konstan (résident de l'IEA de Paris) en tant que discutant de la communication d'Olivier Renaut (Université Paris Ouest Nanterre-La Défense) : "Les pathè/« émotions » chez Aristote : une catégorie nouvelle? À propos de Rhétorique II", dans le cadre du séminaire "Prendre les Anciens au Mot : ce que l'Antiquité fait à la Modernité", organisé par Sandra Boehringer, Romain Brethes, Claude Calame, Florence Dupont, Tristan Mauffrey (EHESS (Centre AnHiMA et CRAL)) pour l'association "Antiquité, territoire des écarts".
Présentation du séminaire
L’Antiquité gréco-romaine nous tend des pièges conceptuels et culturels : les termes grecs ou latins, comme theatron, muthos, religio, eros, philosophia, fabula, res publica, demokratia, n’avaient ni le sens ni les emplois que nous donnons aujourd’hui à théâtre, mythe, érotisme, philosophie, fable, république ou démocratie. L’identité formelle entre les termes anciens d’un côté, français de l’autre donne l’illusion que nous pouvons les utiliser sans précaution, sans traduction anthropologique. Ils ont fini par renvoyer à des concepts anhistoriques, souvent présentés comme des catégories universelles.
On s’intéressera donc aux pratiques discursives correspondant à l’usage de ces mots, puis aux réalités sociales auxquelles ces termes renvoient, grâce à une approche croisant les acquis de l’anthropologie, de la sociologie et de la linguistique pragmatique de l’énonciation, en rompant avec les habituelles analyses textuelles. On pourra ainsi revisiter les savoirs que ces pratiques antiques construisent dans leurs contextes historiques et culturels propres. Pratiquer l’écart ne vise pas seulement à mesurer la distance anthropologique qui sépare modernité et Antiquité, mais aussi, à partir de là, à jeter un regard critique sur la modernité.
"Les pathè/« émotions » chez Aristote : une catégorie nouvelle? À propos de Rhétorique II" - Résumé
Ce que nous nommons « émotions » chez les anciens recouvre très certainement un ensemble parfois hétérogène d’états psycho-physiologiques dont il est difficile de cerner les principes définitionnels. Le fait s’aggrave dans le corpus « philosophique », notamment chez Platon et Aristote, dans la mesure où se joue une autonomisation de certaines « affections » dans laquelle la modernité reconnaît ses propres classifications d’émotions. Aristote, au livre II de la Rhétorique, entreprend de décrire certaines affections, tendant à faire croire qu’il s’agit d’une première classification des émotions. Nous tenterons de montrer les difficultés conceptuelles auxquelles nous sommes confrontés pour appréhender l’objet de ce livre, en prenant en particulier l’exemple du thumos, terme chargé d’une histoire complexe qu’il n’ignore pas, mais dont il modifie certainement le sens en nous confrontant à de nouvelles ambiguités.
Plus d'informations (site de l'association Antiquité, territoire des écarts)
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En marge de l’amour : gratitude, loyauté et altruisme à l’époque classique et au-delà 01 février 2017 - 30 juin 2017 |
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