Mary Bryden
La Première Guerre Mondiale a pour particularité d’être la première guerre majeure de l’époque moderne à se dérouler au fil d’un concert de réponses littéraires en Europe. Quelques-uns des récits émanant des belligérants ont été très rapidement diffusés et traduits. Pour d’autres, une période d’accommodation aux expériences traumatisantes de la guerre a été nécessaire avant de pouvoir entamer l’écriture. Ce phénomène intercalaire a produit, quelques dix ans après l’Armistice, un flot de récits ayant rapport à la Guerre. Parmi eux se trouvaient non seulement des auteurs-combattants qui voulaient écrire leurs expériences afin de s’en débarrasser, mais aussi d’autres qui continuaient pendant des années à revenir à leurs récits pour les reformuler. Quelques-uns se préoccupaient du résidu nocif des événements, tandis que d’autres, après une longue période de ressassement de l’épreuve que leur pays leur avait imposée, se tournaient vers des mouvements pacifistes ou anarchistes. Ce projet se penchera principalement sur cette deuxième vague de littérature de guerre, en tenant compte de l’évaluation culturelle évolutive de ces œuvres dans le siècle qui vient de passer. Bien que les récentes commémorations du centenaire se soient concentrées pour la plupart sur la Guerre sur le front occidental, ce projet se tourne plutôt vers le front de l’Est, et tout particulièrement vers la Révolte arabe, en retraçant les rapports parfois difficiles entre les anciens combattants des tranchées et ceux du désert. Il examinera notamment les écrits de T.E. Lawrence qui – mélange d’histoire, de littérature, et d’autobiographie – exemplifient la difficulté (éprouvée par beaucoup d’auteurs-combattants) de ‘traduire’ une rencontre personnelle avec la détresse de la guerre en une forme externe et visible à tous. En outre, la traduction en français des écrits de Lawrence nous donne des perspectives supplémentaires sur les négociations transnationales qui opèrent entre auteur, traducteur, éditeur, critique, et lecteur.
Journée d’étude organisée par Mary Bryden, résidente de l'IEA de Paris |
Cambridge University Press |
Journée d’étude organisée par Mary Bryden, résidente à l'IEA de Paris, le 12 mai 2015. |