Littérature et zoomorphie satirique (XVIe-XXIe siècles)
Colloque international organisé par Nicolas Correard (Université de Nantes), Jean-Charles Darmon (ENS PSL) et Anne Simon (CNRS ENS-PSL), et les équipes PhilOfr et Littératures, philosophie et morale de la République des Savoirs, avec le soutien de l'IEA de Paris.
Le colloque se tiendra sur 2 jours, le 7 novembre à l'École normale supérieure – PSL, et le 8 novembre à l'IEA de Paris.
Pour la journée du 7 novembre à l'ENS : entrée libre sans inscription, présentation d'une pièce d'identité requise.
Pour la journée du 8 novembre : inscription obligatoire via le formulaire en bas de page.
Présentation
La zoomorphie satirique, constante dans l’histoire de la littérature depuis Aristophane jusqu’à Orwell, non moins que dans les arts visuels, constitue un vivier de sens susceptible d’actualisations très diverses. L’animal sert-il de masque, de déguisement pour ne pas désigner directement ses cibles, ou bien assure-t-il une fonction de défamiliarisation, au sens de Chklovski, voire d’universalisation ou de naturalisation des désordres sociaux et politiques ? De plus, les figures zoomorphes ne représentent pas toujours les cibles de la satire, comme on l’imagine spontanément : l’animal peut servir de révélateur, ou même de médiateur d’un point de vue qui pourrait être celui de l’auteur, dans certains montages complexes. Par ailleurs, on aurait tort de croire que les figures animales se situent toujours du côté de la négativité, comme dans l’insulte, ou fréquemment dans les formes pamphlétaires de la satire. La présence animale, dans certains cas, n’indique-t-elle pas une issue, voire une possible réparation de mœurs humaines corrompues, l’innocence des bêtes pouvant valoir comme un contrepoint ? Ses effets émotionnels méritent d’être pensés, entre l’amusement susceptible de nourrir la dimension comique de la satire, et la hantise de basculer dans l’inhumain : la tentation de la violence, voire de la sauvagerie, peut être dénoncée par le satiriste, mais elle guette aussi son mode d’expression railleur, parfois agressif (jusque dans la syntaxe ou le lexique). Ce n’est pas un hasard si la satire, alors qu’elle renvoie étymologiquement au pot-pourri, a longtemps été associée au satyre, à un être chimérique, liminaire : l’hybridité la caractérise, de même que l’agressivité potentielle, mais aussi une certaine fécondité. Enfin, faut-il supposer que les auteurs satiriques ne s’intéressent qu’à la valeur symbolique ou allégorique du bestiaire, dans l’indifférence envers la réalité animale ? N’y a-t-il pas au contraire, dans de nombreux cas, une tension entre une polarité « zoosatirique », qui tient à l’intentionnalité ciblée de textes critiques et polémiques, et une polarité proprement « zoopoétique », qui permet une incursion imaginaire dans le monde alternatif d’autres vivants ? Ce colloque entend répondre à de telles questions en assumant une conception large du domaine de la satire comme forme d’expression privilégiant le rire moqueur et orienté, qui n’exclut évidemment pas les formes poétiques privilégiant une conception plus stricte du genre. Les objets littéraires seront privilégiés, mais le rapport entre le texte et l’image (physiognomonie, beaux-arts, dessin de presse, cinéma) pourra être l’objet de réflexions.
Programme détaillé
https://philofr.hypotheses.org/14165
Inscriptions
Pour la journée du 7 novembre à l'ENS : entrée libre sans inscription, présentation d'une pièce d'identité requise.
Pour la journée du 8 novembre à l'IEA de Paris : inscription obligatoire via le formulaire ci-dessous.
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