Le babil des brochures
Intervention de Jean-Alexandre Perras (résident 2018-2019 de l'IEA de Paris) dans le cadre de la journée d'étude "Résistances du babillage : peut-on parler pour ne rien dire au siècle des lumières ?", oranisée par Hélène Boons (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
Présentation de la journée d'étude
Langue des oiseaux, des enfants et des femmes, expression d’une « crise intérieure » selon Roland Barthes, le babil est hors cadre, hors norme : au dix-huitième siècle, il résiste à la conversation suivie et au questionnement philosophique, il assiège de sa corrosive frivolité autant les débats féconds que le pascalien silence des « espaces infinis ». Par là, il constitue un geste de subversion et de résistance vis-à-vis de la rationalité conquérante du siècle telle qu’elle s’illustre par exemple dans l’entreprise encyclopédique. N’oublions pas que selon Furetière, on applique le terme de babillard à un chien de chasse « lorsqu’il crie des matinées entières ou bien lorsqu’il est hors des voies », bref, lorsqu’il déroge aux règles. L’acte de babiller, ou de se revendiquer de cette forme de parole, constitue aussi une arme souriante, lourde d’ironie latente, vivement lancée contre l’esprit de sérieux, de méthode et d’exhaustivité.
Ainsi, l’objet de cette journée d’étude sera de distinguer les diverses portées, fonctions, incarnations de ce que Marivaux définit comme l’ « innocente faiblesse d’aimer à parler ».
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"Inondés de brochures" : médialités du Frivole 01 septembre 2018 - 30 juin 2019 |
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