La naissance de l’écriture en Égypte ancienne : pouvoir et économie du signe
Conférence d'Andréas Stauder (EPHE) donnée dans le cadre du cycle de conférences 2017-2018 de l'EPHE, organisé sous le haut patronage du ministère de lʼEnseignement supérieur, de la Recherche et de lʼInnovation et en partenariat avec l’Institut d’études avancées de Paris
« L’enjeu n’est pas tant le contrôle économique par le signe que le contrôle de l’économie du signe lui-même »
Depuis leur publication en 1987, les inscriptions de la tombe U-j à Abydos (Haute Égypte, env. 3200 av. J.-C.) ont généralement été interprétées comme attestant d’un premier développement de l’écriture en Égypte ancienne. Celle-ci était alors perçue comme une technologie de l’information destinée à servir les besoins « administratifs » d’un « État » lui-même en voie de constitution.
Or, la matérialité des artefacts inscrits désigne bien plus une pratique somptuaire de l’inscription dans un contexte cérémoniel. Tandis que la nature même des signes implique une communication étroite avec la culture visuelle de l’élite contemporaine. Celle-ci se constitue dans la seconde partie du IVe millénaire en des formes de plus en plus complexes et exclusives, alors que, par un mouvement corrélatif, la culture visuelle plus générale s’appauvrit et se raréfie à travers la société et l’espace.
L’écriture en Égypte ancienne émerge ainsi dans le contexte d’une dynamique plus générale d’appropriation, puis de captation exclusive, du symbolique par le pouvoir. L’enjeu, dans un premier temps pour celui-ci, n’est pas tant, par le signe, le contrôle économique, mais bien plus le contrôle de l’économie du signe lui-même. Une analyse à découvrir lors de la conférence d’Andréas Stauder.
Andréas Stauder est Directeur d’études à l’EPHE, titulaire de la chaire « Égyptien », depuis 2014. Il a travaillé auparavant à l’Université de Chicago et à l’Université de Bâle. Ses recherches portent sur la linguistique historique de l’égyptien-copte, la littérature égyptienne située dans le cadre d’une histoire des discours écrits en Égypte ancienne, et sur la sémiotique visuelle des écritures complexes (logo-phonétiques). Ses publications comptent notamment The Earlier Egyptian Passive : Voice and Perspective (2013) et Linguistic Dating of Middle Egyptian Literary Texts (2014). Il dirige le programme IRIS « Scripta-PSL. Histoires pratiques de l’écrit » et la section “language” de la UCLA Encyclopedia of Egyptology et a dirigé le module “Semantik und Materialität der Schrift” (programme eikones, Bâle).
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