Kirsten Hastrup
Kirsten Hastrup est professeur d’anthropologie à l’Université de Copenhague. Elle a mené des études sur des terrains anthropologiques en Islande et dans le Nord-Ouest du Groenland (Thule) et réalisé une recherche historique conséquente dans ces régions. Elle est l’auteure de 40 livres et a publié 250 articles et chapitres d’ouvrage en anglais et en danois. Son travail a été largement traduit. Elle a été présidente de l’Académie royale danoise des sciences et des lettres de 2008 à 2016. Elle est fellow de la British Academy et membre de l’Académie norvégienne des sciences et des lettres. Son dernier livre, Thule på tidens rand [« Thule à la limite du temps »], a été publié en 2015.
Sujets de recherche
Au-delà d’un intérêt régional pour le Nord, l’axe central de sa recherche s’articule autour de l’entrelacement des histoires naturelles et des histoires sociales. Elle a également travaillé de manière exhaustive sur les questions de la connaissance et de la preuve en anthropologie et sur les thématiques générales de la méthode et de la théorie.
Tristes Arctiques. Exploration, ethnographie et l’émergence de l’Eskimo
Le projet se concentre sur l’anthropologie arctique et vise à apprécier l’intrication entre le paysage, l’histoire et la rencontre coloniale dans la perception du peuple inuit. Tout part d’un intérêt marqué pour l’histoire de l’exploration de l’Arctique et d’une étude de terrain ethnographique à Thule, au nord-ouest du Groenland.
Le titre principal du projet, Tristes Arctiques, fait écho à l’oeuvre de Claude Lévi-Strauss, dont les Tristes Tropiques (1955) sont source d’inspiration. Le projet porte l’analyse sur le clash entre le monde moderne et la vie traditionnelle – avec en trame de fond les sujet d’inquiétude contemporains concernant l’Arctique, dont les changements climatiques dramatiques – et explore dans quelle mesure les observations ethnographiques sont teintées par la position historique des observateurs.
Trois volets d’analyse sont abordés : le premier explore la perception de la frontière arctique partiellement constituée d’une nature écrasante qui rend impossible toute tentative de la vivre et de l’étudier de l’extérieur. Le deuxième développe la notion d’un terrain humain, différencié du territoire et du paysage et en lien avec la plasticité de la perception et l’événementialité du lieu. Enfin, les ressources vivantes, grâce auxquelles les communautés de chasseurs survivent, offrent une ouverture sur l’interaction entre espèces comme partie intégrante du milieu local. Entre eux, ces volets montrent comment la connexion intime avec le milieu naturel a contribué à l’apparente altérité radicale des peuples de l’Arctique.
Publications majeures
Anthropology and Nature, (éd.), London, Routledge, 2014.
Vinterens hjerte. Knud Rasmussen og hans tid, Copenhagen, Gads Forlag, 2010.
A Place Apart: An Anthropological Study of the Icelandic World, Oxford, Clarendon, 1998.
A Passage to Anthropology: Between Experience and Theory, London, Routledge,1995.
Nature and Policy in Iceland 1400-1800. An anthropological Analysis of History and Mentality, Oxford, Clarendon, 1990.
Communication de K. Hastrup, résidente de l'IEA de Paris |
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