Hier « héros », aujourd’hui criminel
Joachim J. Savelsberg, "Hier « héros », aujourd’hui criminel", dans Fellows : La mémoire collective, moteur de l’avenir des sociétés, Paris, RFIEA, n° 50, février 2019
Extrait
Mémoire collective, droit pénal et droits humains
Au XXe siècle, 200 millions de personnes ont été décimées par leur gouvernement selon le politologue américain R.J. Rummel. Ce nombre exclut les victimes de guerres « légitimes ». D’après mes recherches, les meurtres perpétrés par des gouvernements sont dix fois plus nombreux que ceux commis dans la société civile. Malgré de telles données horrifiantes, le XXe siècle ne se distinguerait pas des précédents en termes de prévalence des atrocités. Sa singularité viendrait plutôt du fait qu’il s’agit du premier siècle au cours duquel l'humanité a mis en place des institutions qui répondent à la violence de masse et cherchent à la prévenir. Les tribunaux pour juger les violations des droits de l’Homme, les commissions de vérité, les programmes de réparation et les excuses publiques des chefs d'État font partie des nouveaux instruments. Ils ont contribué à changer la perception des responsables de crimes de masse. En effet, d'Agamemnon à Mao Zedong, en passant par Charlemagne et Genghis Khan, tous ces autocrates ont été perçus comme des héros tout au long de l'Histoire. Leurs sanglants successeurs entrent désormais dans la mémoire collective des sociétés contemporaines comme criminels.
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Pour aller plus loin : Joachim J. Savelsberg, Representing Mass Violence Conflicting Responses to Human Rights Violations in Darfur, University of California Press, 2015, 362 p.
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Reconnaissance, dénégation et mémoire collective des crimes contre l’humanité : perspectives comparées 01 février 2019 - 30 juin 2019 |
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