Figures publiques. L'invention de la célébrité (1750-1850)
Table ronde organisée au sujet du dernier livre d'Antoine Lilti, Figures publiques. L'invention de la célébrité (1750-1850) en présence de l'auteur.
Participants
Antoine Lilti (EHESS)
Barbara Carnevali (EHESS)
Yves Citton (Université Stendhal-Grenoble 3)
Timothy Hampton (résident à l'IEA de Paris ; University of California, Berkeley)
Levent Yilmaz (résident à l'IEA de Paris ; Istanbul Bilgi University).
Présentation de l'ouvrage
Bien avant le cinéma, la presse à scandale et la télévision, les mécanismes de la célébrité se sont développés dans l'Europe des Lumières, puis épanouis à l'époque romantique sur les deux rives de l'Atlantique. Des écrivains comme Voltaire, des comédiens comme Garrick, des musiciens comme Liszt furent de véritables célébrités, suscitant la curiosité et l'attachement passionné de leurs "fans". A Paris comme à Londres, puis à Berlin et New York, l'essor de la presse, les nouvelles techniques publicitaires et la commercialisation des loisirs entraînèrent une profonde transformation de la visibilité des personnes célèbres.
On pouvait désormais acheter le portrait de chanteurs d'opéra et la biographie de courtisanes, dont les vies privées devenaient un spectacle public. La politique ne resta pas à l'écart de ce bouleversement culturel : Marie-Antoinette comme George Washington ou Napoléon furent les témoins d'un monde politique transformé par les nouvelles exigences de la célébrité. Lorsque le peuple surgit sur la scène révolutionnaire, il ne suffit plus d'être légitime, il importe désormais d'être populaire.
A travers cette histoire de la célébrité, Antoine Lilti retrace les profondes mutations de la société des Lumières et révèle les ambivalences de l'espace public. La trajectoire de Jean-Jacques Rousseau en témoigne de façon exemplaire. Ecrivain célèbre et adulé, celui-ci finit pourtant par maudire les effets de sa " funeste célébrité", miné par le sentiment d'être devenu une figure publique que chacun pouvait façonner à sa guise.
À la fois désirée et dénoncée, la célébrité apparaît comme la forme moderne du prestige personnel, adaptée aux sociétés démocratiques et médiatiques, comme la gloire était celle des sociétés aristocratiques. C'est pourtant une grandeur toujours contestée, dont l'histoire éclaire les contradictions de notre modernité.
Présentation de l'auteur
Antoine Lilti est né à Paris en 1972. Il est directeur d'études à l'EHESS, directeur du master et de la formation doctorale en histoire, responsable du Groupe d'études sur les historiographies modernes (GEHM) au sein du Centre de recherche historique (CRH). Ancien élève de l'École normale supérieure, il y a enseigné de 2000 à 2011, avant de rejoindre l'EHESS. Il a été directeur de la rédaction des Annales. Histoire, sciences sociales (de 2006 à 2001) dont il est actuellement membre du comité de rédaction. Ses travaux portent principalement sur l'histoire et l'historiographie des Lumières. Il a publié Le monde des salons. Sociabilité et mondanité à Paris au XVIIIe siècle (Fayard, 2005), qui propose une réinterprétation du thème classique des « salons littéraires », à partir d'une histoire sociale et culturelle des formes de sociabilité. Ses recherches actuelles portent sur la construction historiographique des « Lumières » au XXe siècle, sur l'idée d'Europe au XVIIIe siècle et sur l'histoire socio-culturelle de la formation des réputations. Parallèlement, il poursuit une réflexion méthodologique sur les usages historiens de la littérature (Savoirs de la littérature, numéro spécial des Annales. Histoire, sciences sociales, 65-2, avril-juin 2010) et sur les méthodes de l'histoire intellectuelle.
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Giambattista Vico’s reception in Europe: New Science and the beginnings of modern historiography and philology. 01 septembre 2014 - 30 juin 2015 |
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