« Femmes à Boches ». Occupation du corps féminin pendant la Grande Guerre
Table ronde à l’occasion de la parution de l’ouvrage d’Emmanuel Debruyne (Université de Louvain, résident 2014-2015 de l’IEA de Paris), « Femmes à Boches ». Occupation du corps féminin, dans la France et la Belgique de la Grande Guerre (Les Belles Lettres, 2018). La présentation de l’auteur sera discutée par Julie Le Gac (Université Paris Nanterre).
Présentation
Entre 1914 et 1918, le front et l’arrière ne sont pas les seules expériences de guerre. Il y a aussi l’occupation militaire, subie par près de 10 millions de Français et de Belges. La faim, l’angoisse, la privation et la lassitude dessinent cette expérience née de la coexistence contrainte entre occupants et occupés. Alors que la masse des premiers est composée d’hommes, les seconds sont largement amputés de leur élément masculin. De cette situation où se mêlent complémentarité de genre et antagonisme de guerre naissent des relations intimes entre des femmes et des hommes qui dans d’autres circonstances ne se seraient jamais rencontrés.
Ces relations ne sauraient être réduites à une révolte de l’amour contre la haine. La vague de viols qui accompagne l’invasion d’août 1914 participe à terroriser les populations civiles. Et la prostitution connaît un essor fulgurant au cours des années suivantes. Quelle que soit leur nature, ces relations ne laissent pas les occupés indifférents : pendant quatre ans, le corps féminin est l’enjeu de tensions incessantes en pays occupé. « Sources de contamination » pour les uns, « femmes à Boches » pour les autres, celles qui fréquentent l’ennemi font les frais de leur choix. Ostracisées sous l’occupation, tondues à la libération, puis disparues une fois la paix revenue.
Julie Le Gac est maîtresse de conférences à l'Université de Paris Nanterre et chercheuse associée à l'Institut des sciences sociales du politique (ISP). Ses travaux portent sur les combattants, les violences, le genre et la psychiatrie de guerre pendant le second conflit mondial.Elle a notamment publié Vaincre sans gloire. Le Corps Expéditionnaire Français en Italie (novembre 1942-juillet 1944, Paris, Les Belles Lettres, 2013.
Emmanuel Debruyne est professeur à l’Université de Louvain (UCLouvain), où il enseigne l’histoire contemporaine. Son dernier ouvrage « Femmes à Boches ». Occupation du corps féminin dans la France et la Belgique de la Grande Guerre (Les Belles Lettres, 2018) interroge les relations intimes entre occupants et occupées. Spécialiste des occupations militaires durant les deux guerres mondiales, il est notamment l’auteur de Le réseau Edith Cavell. Des femmes et des hommes en résistance (Racine, 2015). Il a également dirigé avec James Connolly, Elise Julien et Matthias Meirlaen, En territoire ennemi. Expériences d’occupation, transferts, héritages (1914-1949) (Presses du Septentrion, 2018).
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Une Résistance « avant la lettre ». La guerre clandestine en pays occupés. France et Belgique, 1914-1918 01 octobre 2014 - 30 juin 2015 |
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