Bodies of Lenin: Biochemistry of Communist Futures
Conférence d'Alexei Yurchak (résident 2017-2018 de l'IEA de Paris) du séminaire "Anthropologie de l'imagination", organisé par Carlo Severi (EHESS) et Giovanni da Col (Centre for Ethnographic Theory, SOAS, University of London)
Présentation du séminaire
Cette série de séminaires, qui se tient au musée du quai Branly - Jacques Chirac depuis 2014, est née de la question suivante : à quoi ressemblerait une théorie ethnographique de l’imagination qui n’utiliserait pas le mot « imagination » ? Dans les deux dernières décennies, les termes tels que « imagination sociale », « imagination morale », « imagination politique », « imagination affective », « imagination cosmologique » etc, tout comme le phénomène connexe de «paysages», sont utilisés avec une certaine désinvolture jusqu’à devenir presque vide de sens.
Le mot « imagination » semble ainsi englober des phénomènes aussi divers que l’utopie, la divination, le futur, le rêve, la visualisation, la mémoire, l’idéologie et la créativité – ou une sorte de combinaison à composition illimitée de chacun d’eux. Lorsque nous évoquons les cosmologies, ontologies ou les subjectivités comme étant « imaginées », qu’entend-on vraiment par-là ? Les anthropologues se posent même rarement la question. À l’encontre de certaines tendances déshumanisantes touchant la discipline, nous souhaitons explorer quelques pistes de réflexion, prônant un retour à l’étude humaniste de l’imagination. Nous commençons avec l’hypothèse que les objets peuvent préserver un noyau d’opacité et donc - contrairement aux êtres humains – ne peuvent pas imaginer. D’où le célèbre passage de Marx dans « Le Capital » sur l’architecte humain qui, contrairement à la meilleure des abeilles, doit recréer le bâtiment dans son imagination pour le réaliser dans la réalité. Des études récentes du contexte interactionnel des lois éthiques ont fourni un terrain fertile pour élaborer des idées anthropologiques de l’imaginaire. Comment les techniques imaginatives sont-elles cultivées et pratiquées comme prétexte d’action éthique dans différentes traditions ? Comment les gens anticipent sur l’incertitude du contexte interactionnel par le biais de différentes stratégies éthiques imaginatives ? Quelles sont les limites de l’imagination éthique, en particulier en ce qui concerne l’intérêt anthropologique récent dans les théories comparatives de lecture de l’esprit ? Comment peut-on faire confiance ou se méfier des intentions « sincères » d’autrui et s’orienter pour agir envers eux ? Dans cette série de séminaires, nous voulons réfléchir sur « l’imagination » comme une force pragmatique, intégrée dans des projets créatifs d’action – immanente dans une réalité qui est constamment façonnée plutôt que transcendée.
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Les corps de Lénine. Biochimie des avenirs communistes 01 septembre 2017 - 30 juin 2018 |
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