Que faut-il conserver d’une culture ?
Séminaire de réflexion sur la gestion du patrimoine, avec la participation d’Anne Krebs (Chef du Service Etudes et Recherches du Musée du Louvre) et Pierre Gommier (Architecte du Patrimoine)
© Federica Ciotti
Présentation
La gestion du patrimoine pose des questions anthropologiques, politiques, stratégiques, sous une forte contrainte économique. Que cherche-t-on à conserver et transmettre, et pourquoi ? Que faut-il privilégier dans cette perspective ? Quelles sont les publics visés ? Comment financer ?
L’évolution de la notion de gestion du patrimoine (pour dire vite, de la conservation de chefs d’œuvre vers la transmission des éléments importants d’une culture à la génération suivante) rend la gouvernance du patrimoine compliquée. Si tout élément d’une culture, depuis les monuments et les objets, jusqu’aux cuisines, aux danses et aux écosystèmes, est potentiellement patrimoine, un modèle fondé sur des musées -salles d’exposition d’œuvres d’art, financé par la puissance publique est dépassé. Ces évolutions font l’objet de recherche notamment par les heritage studies, dans un contexte où la mondialisation pose la question de la spécificité du modèle occidental.
De fait, les musées ont considérablement évolué. Et se met en place un nouvel écosystème culturel, dans lequel l’aspect touristique et commercial se mêle à la question sociétale et identitaire, introduisant dans le jeu de nouveaux acteurs, notamment du numérique à travers la dématérialisation du patrimoine. Deux forces importantes à l’œuvre sont la marchandisation du patrimoine (sous la pression gestionnaire du nouveau management public) et le désir de son utilisation comme ciment de cohésion sociale et culturelle. On passe d’une logique de conservation du stock à une valorisation de l’existence et une offre d’expérience, d’éducation, de divertissement. Cela pose notamment les questions de l’évolution des valeurs, du périmètre de ce qui doit être conservé, du lien avec la création dans la mesure où toute culture est vivante et évolue.
Dans ce contexte, quel est le rôle de la recherche ? Quelle peut être la contribution des sciences à la « convention patrimoniale » par laquelle un « objet » particulier acquiert la qualité de patrimoine ?
Le format :
Les chercheurs résidents à l’IEA, qui ont participé à un voyage d’études dans les Pays de la Loire où ils ont rencontré des conservateurs et visité des sites, discutent librement sur la question avec des experts, pour examiner les angles d’attaque du problème et les formes de coopération possible des chercheurs avec les autres acteurs du système.
Ce séminaire « orienté problème » fait partie des expérimentations que mène l’IEA dans sa recherche de nouveaux formats de recherche, adaptés à l’approche intersectorielle de problèmes sociétaux.
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