Emmanuel Debruyne, « Combattre l'occupant en Belgique et dans les départements français occupés en 1914-1918. Une « résistance avant la lettre » ? », dans Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2012/3, n° 115, p. 15-30.

Extrait

Peut-on qualifier de « résistance » la lutte clandestine menée contre l’occupant en Belgique durant la Première Guerre mondiale ? Et si non, pourquoi ? Outre que le terme n’est pas employé dans son acception courante avant la Seconde Guerre mondiale, son usage interroge la définition même du concept. Emmanuel Debruyne nous invite à un double déplacement géographique et temporel. Revenant sur les formes (correspondance et presse clandestines, exfiltration de prisonniers, espionnage, actes de sabotage, assassinats) et sur l’ampleur (nombre de personnes et de groupes impliqués, tirage de la presse clandestine) de cette « première » résistance, l’auteur en vient à comparer, en Belgique et en France, les deux occupations, les deux types de résistance, enfin la mémoire de cette dernière au sortir des deux guerres. Cet article illustre pleinement le renouvellement intervenu dans l’historiographie des guerres mondiales et de la résistance.
La Belgique et une dizaine de départements français ont en commun d’avoir été occupés par l’armée allemande durant les deux guerres mondiales. La seconde occupation, largement présente dans l’historiographie, a notamment été caractérisée par la lutte clandestine menée contre l’occupant par des éléments de la population civile. La « Résistance » est un phénomène historique connu et qui demeure très présent dans l’imaginaire de nos sociétés. Ce qui l’est nettement moins, c’est que ce phénomène a connu un précédent durant la Grande Guerre. Mais peut-on pertinemment qualifier ce dernier de « résistance »? C’est ce que nous examinerons à travers différentes questions que peut susciter l’application d’un tel concept à un contexte différent de celui qui lui a donné naissance.

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