Olessia Kirtchik
Olessia Kirtchik, résidente à l'IEA de Paris en 2013-1014, est enseignante-chercheure à l'Université Nationale de Recherche – Haut Collège d'Economie (Moscou) et co-éditrice du Laboratorium: Russian Review of Social Research. Ses recherches portent sur l'histoire sociologique et l'internationalisation du savoir économique; ses projets en cours ont pour objet l'économie mathématique en URSS et l'économie rurale en France après la Seconde guerre mondiale. Elle a aussi travaillé sur le modèle socialiste du développement agraire et les réformes post-soviétiques.
Le titre de ce projet suggère une vision de l'histoire de l'économie agricole (rurale, pour respecter la tradition française; agraire, pour la nommer à la russe) en France et en Russie bien éloignée d'une image de développement linéaire et progressif fréquemment créée par des récits des historiographes disciplinaires. Ces histoires nationales sont surtout caractérisées par des ruptures, par des tournants, par des oublis et par des retours inattendus. L’objectif de cette analyse historique et comparative de l'économie agricole est de montrer que son développement est très intimement lié aux aléas politiques et aux évolutions socio-économiques des campagnes propres à un pays. Toute trajectoire nationale est certes unique, il est cependant possible d'identifier des logiques semblables et des dynamiques communes. L'histoire de cette science, produit de l'esprit des Lumières par excellence, est notamment rythmée par les préoccupations de la modernisation de l'agriculture à partir du XVIIIe siècle et aux plus récentes offensives réformistes. Enfin, depuis deux à trois décennies, les économistes agricoles dans différents pays se trouvent de plus en plus confrontés aux défis de la globalisation et de l'internationalisation de la science économique. Le déclin actuel de l'économie rurale en tant que discipline autonome tend à confirmer la validité d'une fameuse prédiction selon laquelle le monde rural était censé s'aligner sur le mode de vie et de production urbain au fur et à mesure de l'avancement du capitalisme (et du socialisme). Cela pose une question intéressante de savoir si une discipline sociale, ce «produit périssable» selon l'expression de Gérard Lenclud, peut d'une certaine manière accomplir sa mission et disparaître. Ou s'agit-il plutôt d'une nouvelle transformation des frontières disciplinaires dans le nouveau contexte dicté par une globalisation néolibérale?
Communication d'Olessia Kirtchik, résidente à l'IEA de Paris Communication d'Olessia Kirtchik, résidente à l'IEA de Paris Intervention d'Olessia Kirchik (résidente à l'IEA de Paris, Université Nationale de Recherche – Haut Collège d'Economie, Moscou) et Guillaume Grégoire-Sauvé (CERI, Sciences Po) Communication de Olessia Kirtchik, résidente à l'IEA de Paris |
Revue d'anthropologie des connaissances |
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