Des alter-activismes aux contre-mouvements autoritaristes
Buket Türkmen, "Des alter-activismes aux contre-mouvements autoritaristes", dans Fellows : Révoltes et révolutions, Paris, RFIEA, n° 49, janvier 2019
Extrait
Après la crise financière de 2008, les années 2010 signent une nouvelle ère en matière d’activisme politique. Celui-ci a pris des formes inédites, et ce dans des sociétés très diverses, suggérant un nouvel imaginaire basé sur l'utilisation commune des richesses, l'occupation des places publiques, les luttes pour des espaces et des modes de vie alternatifs, la réalisation de zones autonomes organisés de façon horizontale. Ces activismes ont été l’expression d’une indignation générale contre la dissolution du pouvoir et la diminution de la capacité d'action politique des acteurs dans les systèmes néo-libéraux.
Des révoltes se sont suivies par vagues un peu partout sur la planète. Elles ont parfois émergé suite à des politiques urbaines en contradiction avec la volonté des citoyens (Brésil, Gezi en Turquie), d’autres en réaction à des mesures d’austérité (Occupy Wall Street aux Etats-Unis, Syntagma en Grèce, Puerta del Sol en Espagne), ou encore à cause d’un régime durcissant son autoritarisme (Tahrir en Egypte, Taksim/Gezi en Turquie).
Bâtis sur un modèle de convergences des luttes, ces mouvements ont comme caractéristiques premières l'horizontalité, la participation, le pluralisme, l'autonomie. Suite notamment à l'analyse du terrain que j’ai effectuée auprès des femmes activistes de la révolte de Gezi en Turquie, j’ai constaté que ces mouvements avaient fait apparaître de nouveaux sujets à travers ce que j’ai conceptualisé comme un individualisme solidariste. L’individualisme solidariste est une critique de l’individualisme compétitif et atomisé du néo-libéralisme mais aussi du collectivisme sur lequel sont fondées certaines identités nationales.
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Les acteurs des veilles de la démocratie : vers une sphère publique non-délibérative 01 septembre 2018 - 30 juin 2019 |
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