Betty Rojtman
Professeur à l'Université hébraïque de Jérusalem, titulaire de la chaire Katherine Cornell de littérature comparée. Nommée directrice des études françaises, elle a fondé et dirigé le Centre Desmarais de recherche sur la culture française.
Son travail se situe à la croisée des cultures, entre réflexion (philosophique ou littéraire) contemporaine et tradition herméneutique juive (Feu noir sur feu blanc, Verdier, 1986 ; Une grave distraction, préfacé par Paul Ricoeur, Balland, 1991). Cette double formation l’a amenée à développer des collaborations régulières avec diverses institutions parisiennes, notamment le Collège international de philosophie et l’Institut Elie Wiesel.
Parallèlement à ces recherches, elle a publié plusieurs essais, de facture existentielle et poétique (Le pardon à la lune, Gallimard, 2001 ; Une rencontre improbable, Gallimard, 2002 ; Moïse, prophète des nostalgies, Gallimard 2007).
La philosophie occidentale semble s'être partagée, dès l'origine, entre deux pôles : d'un côté Parménide et la métaphysique du Logos, de l'autre une tradition « héraclitéenne » sous-jacente, d'altération et de fluidité.
Si cette dernière vient aujourd'hui occuper le devant de la scène, c'est aux forces destructrices de l'existence – la Mort, l'Angoisse, l'Exil - que littérature et philosophie font appel, depuis Heidegger surtout, pour briser la clôture du système. En se conjuguant, ces valeurs de perte fondent une sorte d'humanisme nouveau, qui tendrait à conjurer par le vide l'écrasement de plénitude.
S'appuyant sur un corpus d'exemples, tirés pour la plupart de la modernité française, la présente étude cherchera à déceler, sous les métamorphoses du thème, le sens anthropologique de cette fascination qu'exerce le Néant sur l'esprit contemporain. Elle se demandera, ensuite, dans quelle mesure ces mêmes agents de négativité pourraient s'autonomiser, se disjoindre du thème de la mort qui les sous-tend. Elle tâchera, enfin, d'examiner les conditions d'émergence d'une métaphysique de l'inachevé qui, tout en respectant les enjeux du postmoderne, tendrait à maintenir une pensée de l'Etre.
A cet effet, elle se référera au modèle de la kabbale hébraïque, qui pose à son principe ontologique une continuelle vibration d'énergie, réfractaire à toute systématisation, qui annonce la compatibilité de l'aléatoire et de l'absolu.
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