Bidonvilles : les failles du discours Nord-Sud
Pushpa Arabindoo, "Bidonvilles : les failles du discours Nord-Sud", dans Fellows : Mégalopoles, villes-musées, bidonvilles : la ville au XXIe siècle, Paris, RFIEA, n° 31, décembre 2017
Extrait
Le quotidien français Le Monde a récemment publié un article intitulé « Ces 570 bidonvilles que la France ne veut pas voir » attirant l’attention sur le sort de 571 camps illicites en France (113 rien qu’en région parisienne) où 16 000 habitants vivent dans la marginalité et la précarité. En France, les expulsions ne sont pas autorisées pendant les rudes mois d’hiver, de novembre à mars.Cela induit une course à l’élimination des campements de squatters à travers le pays juste avant la période de suspension, et déclenche donc un processus d’exclusion encore plus grave. Le reportage du Monde, très instructif, peut troubler une partie de la population française qui n’a pas conscience de cette réalité. Selon le chercheur en sciences politiques Thomas Aguilera, il joue également sur un récit de l’État français qui assimile la pauvreté à l’appartenance ethnique et aux migrations, comme si la pauvreté ne pouvait pas être le fait de « Français ». Ainsi, même si l’article utilise indifféremment les termes bidonvilles et campements illicites, la première dénomination a été soigneusement évitée par les autorités françaises qui emploient à la place la terminologie campements et squats pour tenter de déconnecter le bidonville de sa portée politique.
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Écrire la ville (inconnue) : Théorisations ethnographiques du fait urbain 01 octobre 2017 - 31 juillet 2018 |
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