Accueil / flux-résidents / Ulrika Maude

Ulrika Maude

Fellow of the Wolfson Research Institute
University of Durham
Penser le sensible/Thinking the Senses
01 juillet 2009 - 31 juillet 2009
Anthropologie sociale et ethnologie
FacebookTwitter

L’atelier, dont voici la présentation, s’inscrit dans une réflexion collective en cours, qui a été inaugurée à l’université de Durham en mars 2008, lors du colloque ‘Penser le sensible/Thinking the Senses’ (Institute of Advanced Study).  Elle mobilise un groupe interdisciplinaire qui s’intéresse à la théorisation et à la modélisation des rapports humains au sensible, groupe qui s’est engagé dans un travail en commun prévu pour se poursuivre sur une période de deux à trois ans.  Cet atelier est lui-même la première partie d’une recherche qui se déroulera en deux temps. Le second atelier (‘Le sensible à l’œuvre’/‘The Work of the Senses’) aura lieu environ un an plus tard, en principe au Centre for Research in the Arts, Humanities and Social Sciences (CRASSH), Cambridge, ou à Trinity College, Cambridge.

Lorsque John Locke affirmait, dans son essai philosophique concernant l'entendement humain,  que la blancheur n’était pas plus dans la neige que la douleur n’était dans le feu - l’un étant plutôt cause de l’autre -,  il ouvrait une question sur les rapports du subjectif et de l’objectif qui demeure, à ce jour, sans réponse. L’objectif de ce programme de recherche n’est pas tant d’examiner cette question de front, telle qu’elle se pose en termes philosophiques – il se peut que dans l’état actuel de nos connaissances nous n’en soyons pas capables –, que d’en explorer les implications pour ce qui concerne la réflexion  anthropologique  contemporaine (au sens large).

Depuis peu, les sciences humaines et sociales prennent acte de cette question de manière de plus en plus marquée: le monde sensible est lui-même une espèce d’artéfact que diverses cultures « construisent » de manière différente, en se servant d’outils variés, un artéfact dont les différentes configurations doivent s’appréhender comme le produit non seulement d’un contexte social donné mais d’une histoire ; c’est un objet formé au fil du temps et dont ont peut tenter de reconstituer les multiples métamorphoses, objet saisissable dans son devenir, donc. La notion de « partage du sensible » (Rancière, 2000) – que nous tenterons de transposer vers des sociétés « autres » -  le dit avec éloquence.

Pour les sciences humaines et sociales,  la question posée par Locke importe plus que la réponse que l’on pourrait y apporter. Elle ouvre la voie à une exploration des modes de production du sensible, sur le plan non seulement cognitif mais aussi social, culturel et historique.

Trois domaines en particulier, correspondant aux principaux domaines d’activité des chercheurs invités, retiendront tout particulièrement notre attention au cours de cet atelier : la perception tactilo-kinesthésique ou haptique, l’environnent acoustique, et la différentiation des modes sensoriels.

C’est autour de deux grands axes de recherche que s’organiseront les deux ateliers du projet ‘Penser le sensible’/’Thinking the Senses’.  Celui que nous proposons ici, le premier de la série, (‘L’invention du sensible’) s’inscrira dans une approche plutôt synchronique, adaptée aux questions anthropologiques qui lui seront propres. L’atelier qui lui fera suite, environ douze mois plus tard  (‘Le sensible à l’œuvre’, CRASSH), reprendra ces questions anthropologiques dans une perspective diachronique, en posant la question de la relation du « modernisme » aux sens et au sensible, et de la matérialisation de cette relation sous forme de nouvelles relations esthétiques.

L’objectif qui sous-tend ces deux ateliers, et le projet dans son ensemble, demeure inchangé : saisir la manière dont des êtres humains ont façonné leur environnent sensible – ou plutôt de multiples environnements, que nous devons concevoir non pas selon un modèle scénographique ou bien comme une toile de fond sur laquelle la praxis ferait relief, mais bien comme la chaîne et la trame dont l’entrecroisement constitue ce que nous appelons «la  culture » ou « le social ».

Le programme dans son ensemble intéressera tout ceux qui, depuis peu, tentent de penser le sensible différemment – sociologues, anthropologues, littéraires, neurologues et bien d’autres encore. It tentera de répondre aux appels venus de différents champs et qui visent à l’établissement de rapports de plus grande proximité entre « cultures épistémiques ».  Les « sensory studies », si on peut les nommer ainsi, sont par vocation interdisciplinaires. Reste à développer les modèles sur lesquels cette interdisciplinarité pourra prendre corps.

Atelier de recherche organisé par l'IEA de Paris en collaboration avec le Musée du Quai Branly.
03 Juil 2009 00:00 -
05 Juil 2009 00:00,
Paris :
L'invention du sensible - The Construction of the Sensible World

366
2008-2009
Autre
Monde ou sans région