Fanny Bessard
Fanny Bessard est historienne de l'islam ancien et classique avec une expertise en historiographie arabe. Elle est également archéologue praticienne avec une décennie d'expérience sur le terrain au Moyen-Orient et en Asie centrale. Avant de rejoindre Oxford, elle a participé au programme Newton International Fellowship à à la School of Oriental and African Studies de 2013 à 2015, au programme Leverhulme Trust Early Career Fellowship à l'Université de St Andrews entre 2015 et 2016. Elle a occupé un poste de maîtresse de conférences au département d'études historiques de l'Université de Bristol de 2016 à 2019. Son principal intérêt de recherche réside dans les transformations sociales et économiques du Moyen-Orient du VIIIe au XIe siècles. Ses recherches combinent un large corpus de sources littéraires en arabe avec des preuves physiques et épigraphiques collectées sur le terrain et dans les archives. Son approche est à la fois comparative et globale, et envisage le Moyen-Orient dans un contexte eurasien, en établissant des parallèles entre le monde islamique et la chrétienté occidentale, Byzance, l'Asie du Sud-Est et la Chine.
Elle rejoint l'IEA en mars 2025 dans le cadre du programme POP - Paris-Oxford Partnership. Dans le cadre de cet accord établi entre l’Université de Paris, le CNRS et l’Université d’Oxford, l’IEA de Paris accueille des chercheurs et chercheuses d’Oxford en sciences humaines et sociales pour des séjours courts.
Ces universitaires à différents niveaux de carrière bénéficient des mêmes services que les résidents de l’IEA et peuvent ainsi développer un travail de recherche collaboratif au sein d’une communauté internationale et interdisciplinaire de pointe.
Sujets de recherche
Pauvreté et richesse au début du monde islamique, histoire de Bagdad au Xe siècle, mouvements populaires
Le pouvoir au-delà de la cour à Bagdad (892-1055)
Cette période (908-991) constitue un moment clé pour Bagdad, lorsque l'équilibre des pouvoirs passe d'une domination civile arabe à une domination militaire non arabe dans une société de plus en plus plurielle. La capitale du monde islamique perd progressivement sa suprématie. Les émeutes populaires et l'influence croissante des communautés montagnardes guerrières de Kurdes et de Daylamites iraniens ont remis en question l'autorité des califes abbassides. Ce changement d'autorité et de gouvernance dans le Bagdad du début du Xe siècle a longtemps dominé les débats sur le déclin et la chute du califat. Puis, au cours de la dernière décennie, la publication d'études de cour a nuancé le récit établi, grâce à l'analyse fine de l'entourage immédiat des califes (eunuques, vizirs, reines, hôtesses de harem). Ces études ont ouvert des débats passionnants sur les cultures d'élite dans l'Islam médiéval, alors que le fonctionnement et les modes de vie des masses et leurs relations avec la cour restent peu étudiés. Cette recherche se concentre sur ceux qui vivaient en dehors de la cour. Cette étude vise à reconstruire leur réalité sociale et la manière dont ils ont vécu et réagi au déclin de la suprématie califale.
Les défis méthodologiques posés par les sources du Xe siècle sont importants. Le corpus de textes sur Bagdad au tournant du millénaire est disparate et écrit principalement par des courtisans et des cadis, qui servaient les intérêts des puissants. Au-delà d'une approche conventionnelle de ces sources, une relecture du matériel « à contre-courant » à travers des cadres anthropologiques et historiques permet d'obtenir des résultats significatifs. La différenciation des couches de narrativisation permet de reconstruire certains aspects des stratégies de subsistance des Bagdadiens (depuis la charité, le vol de vêtements dans les mosquées et les bains pour les pauvres, jusqu'aux soulèvements populaires et à la migration des tujjār en Syrie) et leur réponse aux menaces, à l'extorsion et à la violence.
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