Silvia Romani
Après un master en littérature grecque et un doctorat en anthropologie du monde antique à l'Université de Sienne, Silvia Romani a enseigné de nombreuses années à l'Université de Turin. Depuis 2017, elle est professeure d'anthropologie, de religions et de mythologie de l'Antiquité à l'Université de Milan. Elle se consacre en particulier aux figures féminines dans les mythes et les religions anciennes et aux questions liées à la représentation du corps féminin dans l'Antiquité.
Elle est très impliquée dans les initiatives visant à diffuser les résultats de la recherche universitaire auprès des élèves de l'enseignement secondaire et de la communauté universitaire au sens large. Elle joue également un rôle clé dans le programme de parité des genres à l'Université de Milan, où elle est membre du corps enseignant.
Elle rejoint l'IEA en janvier 2025 pour une résidence d'écriture d'un mois.
Sujets de recherche
Histoire des femmes, mythologie classique, rituels anciens
Les femmes en colère dans la mythologie antique : une approche "pathographique" du genre
Dans le monde antique, les passions sont le plus souvent représentées d'un point de vue "externe", les passions fortes telles que la colère et la rage étant particulièrement importantes. Avant même de se manifester comme un sentiment interne, la colère est représentée par les signes physiques par lesquels elle se manifeste. Dans le cas des femmes, cela correspond à la création d'une sorte de paysage anatomique prototypique. Les femmes en colère y sont représentées comme extrêmement désagréables et insupportables.
Les femmes en colère de l'Antiquité et les divinités féminines qui sont les patronnes de ces sentiments se définissent avant tout non pas par la puissance de la passion à laquelle elles sont en proie, mais par le caractère désagréable de leur posture. Ceci est particulièrement évident dans les cas où elles devraient être belles mais sont laides, parfumées mais malodorantes, sages et élégantes et sont au contraire dépeintes comme incontrôlables et sans limites. On pense notamment à la déesse de la colère, Lussa, aux furies, aux harpies.
Cette recherche vise à réflechir sur la possibilité de construire un catalogue synesthésique qui nous permette de reconnaître une dimension sexuée de la représentation des passions extrêmes. La réflexion sur la représentation de la colère et de la rage féminines dans les mythes s'inscrit dans le cadre d'un débat contemporain très riche et très vif sur la définition et la place de la colère féminine : on pense notamment aux études menées par Agnes Callard, Soraya Chemaly, Rebecca Traister, Sarah LaChance Adams, et, en ce qui concerne l'Antiquité, par Douglas Cairns, entre autres.
Publications clés
Romani, S., "Irrelevant Bodies: The Creation of Woman as a Model of Post-Natural Creation", E. Di Rocco, C. Lombardi (eds.), Myths of Origins as Patterns of Literary Creation. Brill, 2024, pp. 26-38
Romani, S., Saffo. La ragazza di Lesbo, Einaudi, 2022, p. 208
Romani, S., "The Resistance of Bodies in Myth and Polytheistic Religion", T. Canella, S. Botta (eds.), SMSR 2 (2022), pp. 1-16
Romani, S., "Translated Bodies: a ‘Cartographic’ Approach", A. Violi, B. Grespi, A. Pinotti, P. Conte (eds.), Bodies of Stone in the Media, Visual Culture and the Arts, Amsterdam University Press, 2020, pp. 45-61
Conférence en ligne de Silvia Romani (Université de Milan), et en résidence d'écriture à l'IEA, dans le cadre du cycle "Paris IAS Ideas" |
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