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L’Incarnation du Nom : Débats cabbalistiques chrétiens sur les Noms divins à l’aube de la Renaissance

26 oct 2016 14:00 - 17:00
Institut d'études avancées de Paris
Hôtel de Lauzun
17 quai d'Anjou
75004 Paris
information@paris-iea.fr
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Séance d’ouverture du séminaire organisé par Flavia Buzzetta (Ancienne résidente de l’IEA de Paris, Marie Sklodowska-Curie Individual Fellowship, Horizon 2020, Project Cabbala, Reference 658793, CNRS – LEM) et Stéphane Toussaint (CNRS – LEM)


Ce premier atelier comportera trois interventions :

- Flavia Buzzetta (CNRS) : Introduction générale du séminaire et présentation des résultats d’une recherche réalisée dans le cadre d’une résidence à l’IEA de Paris sur Niccolò Camerario et le nom de Jésus.

- Stéphane Toussaint : « La renaissance du Tétragramme : une introduction »

- Jean – Marc Mandosio (EPHE) : « Du Tetragrammaton au Pentagrammaton : Les Noms divins dans le traité de magie de Lefèvre d’Étaples »


Présentation générale du séminaire (2016-2017)

La Renaissance est caractérisée par la rencontre et l’interpénétration profonde entre différentes traditions sapientielles, philosophiques et religieuses. Le savoir cabbalistique juif réapparaît dans les cercles humanistes à la fin du XVe siècle, et peut être considéré comme l’apex du transfert des savoirs ésotériques et la summa des anciennes doctrines qui refleurissent à la Renaissance sous le nom de prisca theologia. Vestige des savants juifs, la cabbale introduit l’homme aux mystères de la divinité et de sa manifestation dans la création. Constamment liée à la transmission/réception de la Révélation biblique, elle constitue l’interprétation qui peut éclairer ses inépuisables secrets. Considérée à la fois comme un savoir révélé ou un savoir “secret” concernant le divin, la pensée cabbalistique offre des images, des symboles, des métaphores, des combinaisons qui fascinent alors les savants du monde occidental.

C’est à la fin du XVe siècle qu’un philosophe italien, Jean Pic de la Mirandole (1463-1494), introduit dans le monde savant humaniste cette doctrine exotique d’origine juive. Fasciné par ce savoir caché qu’il considère comme divin, le Comte conjugue la mystique juive avec le système doctrinal chrétien, en donnant naissance à la “cabbale chrétienne”. Ce nouveau courant de pensée est caractérisé par l’élaboration d’une lecture “cabbalisante” des dogmes chrétiens et par une interprétation chrétienne des doctrines cabbalistiques juives. Ces lectures sont inscrites dans un système doctrinal typique de la spéculation cabbalistique, dans lequel les vérités chrétiennes et juives sont harmonisées, selon une vision unitaire qui prétend remonter à la source de la révélation divine.

Le développement de cette nouvelle dynamique spéculative a pour conséquence que la cabbale chrétienne offre une adaptation heuristique de la pensée cabbalistique juive en vue d’une réélaboration de ses contenus. Ainsi considérée, la cabbale confirme les fondements de la foi chrétienne, en ce qui concerne la théologie trinitaire, la christologie, la sotériologie et l’eschatologie. D’un point de vue linguistique-symbolique, une des plus importantes acquisitions christologique de la cabbale chrétienne est la question de la vocalisation du Tétragramme, à laquelle ont été appliqué différentes combinaisons herméneutiques. L’usage des permutations alphabétiques et les théories du langage mises en valeurs chez les cabbalistes chrétiens, permettent de considérer le Tétragramme, le nom ineffable de Dieu, comme le noyau du nom de Jésus (Iesus).

La lecture offerte par les cabbalistes chrétiens est riche en perspectives spéculatives. Ils étudient la symbolique des nomina sacra en tant que source du dogme chrétien. C’est le cas de Jean Pic de la Mirandole ou de Johannes Reuchlin qui développent des théories sur ce que l’on peut appeler l'« Incarnation du Nom ». Cette expression fait référence au nom de Jésus en tant qu’achèvement du nom ineffable de Dieu. Le passage du Tétragramme au Pentagramme christique est possible, selon les cabbalistes chrétiens, grâce à l’introduction de la lettre shin au sein du Shemamephorash, qui est un type de nom divin totalement déployé. Ainsi, chez les cabbalistes chrétiens, l’ineffable devient “effable”, le Verbe se rend charnel et humain.

Peut-on considérer cette “mystique” du Nom comme une expression d’un projet de concorde universelle poursuivie par les premiers cabbalistes chrétiens ? Ce courant porte-t-il à l’achèvement d’un savoir qui résorbe l’altérité religieuse à l’intérieur d’une vision unitaire ? Doit-on faire remonter aux théories linguistiques de la cabbale chrétienne une typologie d’occulta concatenatio, qui préfigure l’unité du savoir universel sur lequel est axée la pax philosophica que recherchait Pic ?

Les rencontres que nous proposons visent à répondre à ces questions. Notre séminaire souhaite prendre en examen ces théories en tant qu’exemples d’une koinè qui caractérise le savoir humaniste à l’aube de la Renaissance. En faisant référence aux différents aspects qui caractérisent cette rencontre intellectuelle, notre séminaire entend contribuer au courant de recherche qui étudie les rapports et les échanges culturels entre Orient et Occident.

Le séminaire commencera par prendre en considération les théories sur les Noms de Dieu et de Jésus Christ chez les premiers cabbalistes chrétiens. Les rencontres qu'il propose pourront accueillir une audience de chercheurs, enseignants-chercheurs et étudiants avancés (M2, doctorat). Elles seront articulées en 6 ateliers successifs, dans lesquels seront analysés les axes thématiques suivants :

1. Débats doctrinaux et nomina sacra à la Renaissance
2. Racines historiques du Tétragramme cabbalistique
3. Image et langage du Verbe chez les cabbalistes chrétiens
4. Mystique du langage et perspectives philosophiques dans la cabbale chrétienne

► La deuxième séance du séminaire aura lieu le samedi 19 novembre, de 10h à 12h, Salle 116 du Bâtiment Le France (190 avenue de France, 75013 Paris) : l'ouvrage Tetragrammaton. Western Christians and the Hebrew Name of God (Brill, 2015) sera présenté en présence de son auteur, Robert J. Wilkinson.

Séminaire organisé dans le cadre de la bourse de recherche individuelle Marie Sklodowska-Curie 658793 – CABBALA – H2020-MSCA-IF-2014-EF de l’Union européenne

Date dépassée
La cabale en langues italienne et française à la Renaissance. Étude de codicologie comparée sur la diffusion de la mystique juive dans l'humanisme chrétien
01 octobre 2015 - 30 juin 2016
30 juin 2016
483
26 Oct 2016 17:00
Flavia Buzzetta
Oui
6628
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