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The risks of thinking; or, toward a critique of bio-techno-positivism

25 jui 2019 18:30 - 20:00
CRI
Amphithéâtre
8 rue Charles V
75004 Paris
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Conférence de Michael Jonik (résident 2018-2019 de l'IEA de Paris) dans le cadre du cycle de conférences "Sciences in Context", organisé par le CRI et l'IEA de Paris

Sciences in Context est un nouveau cycle de conférences publiques, organisé par Muriel Mambrini et Pascal Kolbe, en collaboration avec l'Institut d'études avancées de Paris, visant à amener les concepts et les perspectives des SHS à la communauté du CRI.
Chaque conférence aura lieu le dernier mardi du mois avec des chercheurs du CRI et de l'IEA de Paris.
Les sujets de la conférence seront discutés lors d'une séance publique du Practical Philosophy Club le vendredi avant chaque conférence, afin de favoriser les échanges avec le conférencier invité.

Programme complet du cycle de conférences


Résumé

Alors que nous entrons dans un moment d'automatisation sans précédent, où les formes de pensée informatique et d'intelligence artificielle affectent de plus en plus la façon dont les gens vivent, travaillent, communiquent, voyagent ou se comprennent eux-mêmes, la devise des Lumières de Kant est "Sapere aude !". - "Pensez par vous-même !" - semble s'être transformé en un nouvel impératif de réflexion : "Laissez les algorithmes penser pour nous !" Pourtant, comme Kant ose prendre le risque de s'affranchir des formes d'hétéronomie auto-infligées, le pari aujourd'hui est de comprendre comment les modes de pensée critique humaine sont imbriqués dans les systèmes de pensée nonhumains et façonnés par ceux-ci. Il ne s'agit peut-être plus de se poser la question de " ce qu'on appelle penser " du point de vue d'un sujet humain autonome, mais plutôt en termes d'analyse d'ensembles co-émergents, complexes et adaptatifs de cogniteurs biologiques et techniques : ou ce que l'on pourrait appeler " écologies cognitives ". Et, comme si ce n'était pas assez compliqué, ces écologies cognitives font elles-mêmes partie d'une constellation de méthodes de contrôle psychologique et social de plus en plus étendues : selon Luciana Parisi, "un appareil de gouvernance fonctionnant non seulement sur les corps, mais par la datafication des spécificités biologiques, physiques et culturelles".

Plutôt que de dissoudre ou de déplacer complètement la question de la pensée humaine, je soutiendrai que ces conditions rendent la compréhension de la pensée encore plus urgente, voire plus complexe. D'une part, les formes de cognition technique, les grandes données et le traitement informatique augmentent et élargissent les modes contemporains de recherche et de production de connaissances dans les sciences humaines et ouvrent de nouveaux horizons à la pensée analytique et synthétique. Mais, en même temps, je voudrais explorer ici comment l'utilisation des algorithmes et de l'apprentissage machine, comme dans le cas de la biologie automatisée ou synthétique, de la bioinformatique ou de l'analyse de données neuronales (pour ne prendre que quelques exemples) encourage également un "biotechnopositivisme", qui à la fois fait appel sans critique aux modes de prévision et d'analyse statistique basés sur les données, tout en considérant le risque non seulement comme quelque chose qui est prévu ou réduit, mais en fait structuré et rationalisé. Comment la pensée, à la fois prothétique, profondément relationnelle et reposant sur des formes de cognition technique et de médiation, pourrait-elle aussi éviter l'instrumentalisation ou le fétichisme des données ? Qu'est-ce qu'une pensée risquée et critique serait au-delà du domaine de l'innovation basée sur le profit, du contrôle numérique ou du positivisme des données : une pensée de l'imprévisible, de l'indéterminé, de l'incomputable ? Il est particulièrement important maintenant pour les chercheurs en sciences humaines d'entamer un dialogue franc et mutuellement informé avec leurs pairs des sciences sociales, de l'informatique et du génie, de la psychologie et des sciences de la vie afin d'affronter ces questions et de créer une nouvelle pensée critique pour les nouvelles périodes critiques.

 

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