Extreme violence: investigate, rescue, judge. Syria, Rwanda, Democratic Republic of Congo
Colloque organisé par la Fondation Maison des Sciences de l'Homme et le Centre de Réflexion sur l'Action et les Savoirs Humanitaires (CRASH) de Médecins Sans Frontières, avec le soutien de l'IEA de Paris
Présentation
Ce colloque a un double objectif.
Il s’agira, en premier lieu, d’étudier, dans des contextes de guerre, de génocide et de crimes de masse, les démarches adoptées tant par des chercheurs en sciences sociales que par des praticiens humanitaires et des défenseurs des droits de l’homme. Il est rare qu’ils se donnent pour but commun l’exploration des logiques qui ont gouverné et gouvernent leurs pratiques. Dans certaines situations, ces trois catégories d’acteurs interviennent simultanément et en fonction d’objectifs qui conduisent parfois à des coopérations, des rapprochements mais aussi à des affirmations d’hétérogénéité de leurs démarches. L’ambition de ce colloque est de prendre appui sur cette hétérogénéité tout en soulignant, au cas par cas, les apports des coopérations. À partir de leurs expériences en Syrie, au Rwanda, en République démocratique du Congo, ils traiteront de l’un ou plusieurs des thèmes suivants : les déterminants locaux des tueries de masse, les modalités des conduites de secours et leurs effets, les actions des agences multilatérales onusiennes, les activités de la justice pénale internationale et des institutions judiciaires nationales, les engagements des organisations de défense des droits humains.
En second lieu, il s’agira de réfléchir collectivement, sous la forme d’une table ronde, au défi croissant de la judiciarisation qui crée des contraintes et des dangers pour tous ceux, chercheurs, humanitaires et défenseurs des droits humains qui travaillent sur et dans les contextes de crimes de masse. Ainsi devrons-nous tenir compte d’une part que ce colloque se situe dans un contexte et une histoire où chercheurs et praticiens de l’humanitaire sont régulièrement sollicités dans des débats publics concernant les actes de violence dont ils ont été témoins ou sur lesquels ils ont enquêté. Et d’autre part, il arrive aussi qu’ils soient appelés, voire contraints par les appareils judiciaires à déposer. La possibilité d’accéder à leurs sources, à leurs informateurs, à leurs témoignages crée des situations de conflit juridique quand ils revendiquent la légitimité du secret dans lequel ils considèrent devoir se tenir, en particulier pour ne pas mettre en danger des témoins et des membres du personnel humanitaire.
Programme
Mercredi 20 Mars
14:00 - 14:15 Ouverture
Michel Wieviorka, directeur d’études à l’EHESS, président du directoire de la FMSH
14:15 - 14:40 Introduction
Jean-Hervé Bradol, médecin, directeur d’études au CRASH, MSF et Laëtitia Atlani-Duault, directrice de recherche au CEPED (IRD, INSERM, Université Paris V), et directrice du Collège d’études mondiales de la FMSH
14:40 - 18:00 Syrie
Discutant : Fabrice Weissman, directeur d’études au CRASH, MSF
14:40 « Enquêter dans la Syrie en guerre »
Gilles Dorronsoro, professeur de sciences politiques à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne, Adam Baczko, et Arthur Quesnay, post-doctorants associés à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne : projet ERC, « Social Dynamics of Civil Wars »
15:25 Pause
15:40 « Les pratiques humanitaires de terrain à l’épreuve du conflit syrien »
Hakim Khaldi, chargé d’études à MSF
16:10 « Targeting health infrastructure in Syria: a military tactic or a collateral damage? »
Abdulkarim Ekzayez, médecin, chercheur associé à Research for Health in Conflict (R4HC), King’s College
16:40 « Danger, advocacy and accuracy: witnessing by local medical humanitarian organisations in the Syrian conflict »
Sophie Roborgh, chercheuse associée au Humanitarian and Conflict Response Institute, University of Manchester
17:10 Discussion
Jeudi 21 Mars
9:00 - 17:30 Rwanda
Discutant : Nicolas Mariot, directeur de recherche au CNRS
9:00 Accueil
9:15 Ouverture de la journée
Claudine Vidal, directrice de recherche émérite au CNRS, membre du comité scientifique du CRASH, MSF
9:30 « Expérience de témoin survivant du génocide et de témoin de témoins dès 1994 »
Pacifique Kabalisa, président du Centre pour la prévention des crimes contre l’humanité (CPCH)
10:00 « Twenty years after Leave None to Tell the Story: what do we now know about the Rwandan genocide? »
Timothy Longman, professeur de sciences politiques, Boston University
10:30 « The limits of the genocide label »
Scott Straus, professeur de sciences politiques, University of Wisconsin-Madison
11:00 Discussion
12:00 Pause déjeuner
13:30 « Les enquêtes de Lee Ann Fujii »
Claudine Vidal, directrice de recherche émérite au CNRS, membre du comité scientifique du CRASH, MSF
14:00 « Winning the battle of ideas: extremist vs moderates ideologies in Rwanda’s genocide »
Omar McDoom, professeur assistant à la London School of Economics and Political Sciences
14:30 Pause
14:45 « Inside Rwanda’s Gacaca Courts. Seeking Justice after Genocide »
Bert Ingelaere, professeur assistant à l’Université d’Anvers
15:15 « Les procédures judiciaires engagées par des juridictions nationales hors Rwanda envers des ressortissants rwandais »
André Guichaoua, professeur de sociologie à l’Université Paris I Panthéon Sorbonne
15:45 Synthèse
Nicolas Mariot, directeur de recherche au CNRS
16:15 Discussion
Vendredi 22 Mars
9:00 - 13:15 République démocratique du Congo
Discutant : Yann Mens, journaliste, membre du conseil d’administration de MSF
9:00 Accueil
9:30 « Enquêter pour le Conseil de sécurité des Nations Unies »
Emilie Serralta, consultante indépendante
10:00 « Les carrières de Bosco Ntaganda, homme de guerre, du Rwanda à la CPI-ICC »
Marc Le Pape, sociologue, CNRS, membre du comité scientifique du CRASH, MSF
10:30 Pause
10:45 « Comprendre la violence contre les civils perpétrée par des acteurs armés dans l’est de la RDC : types, modalités et logiques »
Judith Verweijen, lecturer, University of Sussex
11:15 « Négocier l’accès humanitaire dans le Nord Kivu : les dilemmes, tensions et compromis quotidiens dans un contexte de violences cycliques »
Myfanwy James, doctorante, University of Oxford
11:45 « Produire un discours journalistique sur la guerre : une expérience congolaise »
Justine Brabant, journaliste et chercheuse indépendante
12:15 Discussion
13:15 Pause déjeuner
14:30 - 16:30 Table ronde : Enquêter, secourir, juger
Chercheurs et humanitaires en contexte de génocide et de crime de masse face au défi croissant de la judiciarisation
14:30 Introduction
Laëtitia Atlani-Duault, directrice de recherche au CEPED (IRD, INSERM, Université Paris V), et directrice du Collège d’études mondiales de la FMSH
Discutantes : Audrey Ceschia, rédactrice en chef du Lancet Public Health, et Laëtitia Atlani-Duault
Bruno Cotte, président honoraire de la chambre criminelle de la Cour de cassation, ancien président de la chambre de première instance à la cour pénale internationale
Catherine Marchi-Uhel, cheffe du Mécanisme international, impartial et indépendant de l’ONU sur les violations du droit international commises en Syrie
15:30 Pause
15:45 Rony Brauman, médecin, directeur de recherche au CRASH, MSF.
Rudi Coninx, directeur du Humanitarian Policy & Guidance Unit, Emergency Operations Department, à l’Organisation mondiale de la Santé
16:30-17:00 Conclusion du colloque
Jean-Pierre Dozon, directeur d’études à l’EHESS, vice-président du directoire de la FMSH
Une traduction simultanée français-anglais est prévue.
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