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Traduire l’expérience : autour de Sylva sylvarum et Novum Organum de Francis Bacon

24 mai 2018 09:30 - 25 mai 2018 18:00
Institut d'études avancées de Paris
Hôtel de Lauzun
17 quai d'Anjou
75004 Paris
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Atelier de recherche organisé par Daniel Garber (résident 2017-2018 de l'IEA de Paris), Élodie Cassan (CPGE/IHRIM), Claire Crignon (Sorbonne Université), Sylvie Kleiman-Lafon (Paris 8) et Sandrine Parageau (Paris Nanterre/IUF)


Présentation

Cet atelier, qui fait suite à une première rencontre à l’Université de Bucarest en janvier 2018, entend proposer des pistes de réflexion autour des pratiques expérimentales décrites dans le texte de Francis Bacon, paru de manière posthume en 1626, Sylva Sylvarum. Il s’agit de mieux comprendre le statut de l’expérience chez Bacon, de manière à en proposer une traduction juste et pertinente, cet atelier s’inscrivant en effet dans le cadre d’un travail de traduction en français de Sylva sylvarum (C. Crignon, S. Kleiman-Lafon, S. Parageau) et du Novum Organum (É. Cassan).

La diversité des thématiques abordées au sein de l’histoire naturelle, les observations, recettes et anecdotes empruntées à des traités de la Renaissance dans les domaines de la magie, de la botanique, de la cuisine, de la médecine ou encore de l’acoustique, l’absence de présentation systématique des expériences et l’inachèvement du projet baconien ont conduit les chercheurs à s’intéresser prioritairement à l’induction et à l’interprétation de la nature (interpretatio naturae), sans vraiment prendre au sérieux la diversité des formes de l’expérimentation baconienne (experientia literata), ni sa dimension plurielle et collaborative. Ce n’est pas l’image d’une science unifiée et systématique qui surgit de ce texte, mais celle d’une diversité de pratiques scientifiques qui mettent en contact des savants et des profanes, des protocoles expérimentaux élaborés et des observations ou des techniques plus communes.

La Sylva sylvarum peut être appréhendée comme un cas d’étude de ces « ways of knowing » (J. Pickstone) impliquant à la fois la science, les techniques, les préjugés et les croyances. À cet égard, elle offre une approche de l’histoire des sciences différente du récit traditionnel d’une « révolution scientifique » qui part de l’étude des discours théoriques pour comprendre le changement scientifique en délaissant l’étude des pratiques expérimentales.

Les communications proposées dans le cadre de cet atelier embrasseront la diversité des objets empiriques et des expériences décrites : comment appréhender la pluralité des matières traitées (sons, plantes, animaux, corps humain, air, eau, feu, terre, chaud et froid, phénomènes météorologiques, imagination, passions…) ? Quels processus expérimentaux sont à l’œuvre ? On s’intéressera ici à l’articulation entre Sylva sylvarum et le Novum Organum, qui propose en quelque sorte un discours théorique sur l’expérience. Nous nous intéresserons ainsi au concept baconien d’experientia literata (ou à la notion d’ingeniosa traductio) pour montrer comment il permet d’apporter une justification théorique au projet de création d’une communauté réunissant savants et profanes, au sein de laquelle on discute et échange des pratiques expérimentales, ce qui implique aussi des processus de transferts des expériences d’un domaine à un autre (ingeniosa traductio), transfert que Bacon pense à l’aide de la notion de traduction.

Nous privilégierons une perspective sur le temps long afin de prendre en compte la diversité des matières traitées sur un plan diachronique. Les questions posées par Bacon au sujet des plantes ou des sons, par exemple, sont-elles encore pertinentes aujourd’hui ou ont-elles donné lieu à des procédures qui ont permis d’« achever les expériences » (P. Galison) ? Sur quels types de phénomènes Bacon attire-t-il notre attention dans ce texte et quelle est la nature de sa modernité relativement aux questions qu’il pose sur la nature et l’environnement (perception des plantes, liens entre l’air et la santé, notion d’environnement sonore, par exemple) ?

Enfin, comment comprendre l’insistance baconienne sur l’articulation entre l’étude des phénomènes naturels et la compréhension du monde moral et politique ? L’idée que les expériences doivent promouvoir un savoir non seulement utile aux êtres humains, mais qui doit aussi incarner des valeurs de collaboration et de partage, permettre de lutter contre la superstition et les conflits sectaires, dans le domaine religieux ou politique, a-t-elle aujourd’hui totalement disparu, ou ne se retrouve-t-elle pas en filigrane des projets de sciences participatives, qui ont aussi la caractéristique d’impliquer une très grande diversité d’objets d’étude ?

 

Programme


Jeudi 24 mai


Session 1 : Forms of life in Bacon’s thought

9.30   “The effort of life in Bacon’s Sylva sylvarum (on growth, vegetation, and gravity)
Guido Giglioni (Università di Macerata)

11.00   Pause

11.30   “Deviations and Nova: Bacon on the Transmutation of Species”
Doina-Cristina Rusu (University of Groningen)

13.00   Pause déjeuner


Session 2 : The science of plants in Sylva sylvarum

14.30   « A Chemical History of Vegetable Bodies: Seventeenth-Century Attempts to Construct a Baconian Science »
Oana Matei (University of Arad) & Dana Jalobeanu (University of Bucharest)

16.00   Interdisciplinary project. Around botany in Sylva
Discussion with Romain Julliard (Muséum national d’Histoire naturelle, Paris)

17.00   Musical interlude : Chantal Schütz (soprano)


Vendredi 25 mai

Session 3 : Instruments and music in Bacon’s works

9.30   “Scientific Instruments Before the Scientific Instrument”
Richard Serjeantson (Trinity College, University of Cambridge)

11.00   Pause

11.30   Music and sounds in Sylva sylvarum
Discussion with Théodora Psychoyou (Sorbonne Université), Chantal Schütz (École polytechnique) and Quentin Grimal (Université Pierre et Marie Curie)

13.00   Pause déjeuner


Session 4 : Method and Novum Organum
Respondent: Philippe Hamou (Université Paris Nanterre)

14.30   Sylva sylvarum: a response to the problem of the idols?”
Laura Georgescu (University of Groningen)

16.00   Pause

16.30   Traduttore, traditore? The case of the first English translation of Novum Organum
Élodie Cassan (CPGE/IHRIM Lyon)

Comment la philosophie est devenue moderne au XVIIe siècle
01 octobre 2017 - 30 juin 2018
7295
25 Mai 2018 18:00
Daniel Garber
Non
17344
Colloques et journées d’étude
Paris
Époque moderne (1492-1789)
Europe occidentale
Philosophie