Le genre et la guerre : Les femmes, la virilité, et la violence
Avec deux contributions de résidents de l'IEA de Paris :
- Barbara Cooper, «Implications of Military Medicine for Maternal and Infant Health in Colonial Niger»
- Emmanuel Debruyne, «Du contrôle à la terreur: les politiques prostitutionnelles dans les territoires occupés allemands d'Europe occidentale et orientale au cours des deux guerres mondiales»
Présentation
Le but de cette journée d’études est de discuter la qualité intrinsèquement masculine de la guerre.
La guerre a été le plus souvent conçue comme une activité humaine essentiellement masculine mais de récentes études ont montré que les femmes ont été fortement impliquées dans les activités militaires du passé. Les historiens des femmes ont souligné l’émergence des femmes soldats dans les armées modernes, en démontrant les rôles importants qu’elles ont joué dans les combats, dans les hôpitaux militaires, dans les services logistiques de l’armée ou encore au front. Les chercheurs ont retrouvé dans les archives un grand nombre de “guerrière exceptionnelles”, de femmes fortes et de travesties qui étaient engagées dans des conflits à diverses périodes historiques. D’autres ont exploré les étroites connections entre la culture militaire et les expressions belliqueuses de virilité qui façonnent souvent les grandes nations. Les dynamiques guerrières libèrent la violence sexuelle et une coercition de genre, en créant des blessures physiques pérennes et des traumas psychologiques pour les victimes, les auteurs et les témoins de cette violence. La guerre permet de changer radicalement les relations de genre dans les sociétés, en altérant les rôles sexués, les structures familiales, les modèles de mariage, les pratiques professionnelles, les lois et les attitudes culturelles. Les études de genre traitant de la violence organisée, se sont souvent et utilement, concentrées sur les contextes de coups d’état, de ruptures sociales et de bouleversements politiques, périodes clés de changement dans les discours de genre.
Cette journée d’étude se déroulera sous forme de tables rondes dans l’ambition de présenter de nouvelles recherches et de poser des questions méthodologiques inédites sur le genre et la guerre dans l’histoire européenne et mondiale de 1500 à nos jours. Les études de genre de Natalie Zemon Davies, Sonya O.Rose, Karen Hagemann, Susan R. Grayzel et d’autres, offrent des modèles utiles pour développer la recherche sur le genre et la guerre. Le livre de Joshua S. Goldstein, War and Gender: How Gender Shapes the War System and Vice Versa (Cambridge: Cambridge University Press, 2003), interpelle les chercheurs pour qu’ils examinent « comment le genre façonne la guerre et comment la guerre façonne le genre ». Les participants de cette journée d’étude profiteront de cette confrontation entre genre et guerre, en considérant les diverses possibilités d’intervention des femmes dans la guerre et en réexaminant les thèmes « genrés » tels que les femmes dans la guerre, les corps disciplinés, le combat et le genre, l’honneur masculin, les communautés de campagne, le travail en temps de guerre, les agressions et émotions, la culture et la violence sexuelles, la prostitution militaire, le viol de masse, et les corps brisés.
Programme
08h30 – 09h00 : Accueil
09h00 – 10h30 : Femmes fortes, femmes en armes
Ghislain Tranie, (Université Paris-Sorbonne), « Une vierge des batailles lorraine ? Autour d’un portrait de Philippe de Gueldre, duchesse de Lorraine et religieuse colettine»
Véronique Garrigues, (Université Toulouse - Jean Jaurès), « Femmes en armes 16e-17e siècle : des sources à redécouvrir »
Silvia Mostaccio (Université catholique de Louvain), « Un objet, plusieurs questions. Genre et guerre à l’armée des Flandres (XVIe-XVIIe siècles) »
Bendetta Gennaro, (Université technique de Darmstadt), « Images of Women Soldiers : Agency and Sexuality »
10h30 – 11h00 : Pause
11h00-12h30 : Sexualités et emotions en guerre
Brian Sandberg, (Université de Northern Illinois et résident, à l'IEA de Paris), « Actes Indignes : violences sexuelles et religieuses pendant les guerres de religion »
Laurence Fontaine, (CMH-CNRS-ENS-EHESS), « Aggression and Emotions: Justifiable Anger in Early Modern France ».
Marion Trévisi, (Université d’Amiens), « Des femmes à la suite des armées napoléoniennes : rôles et destins »
12h30 – 13h30 : Déjeuner
13h30 – 15h00 : Femmes combattantes et virilités en guerre
Juliette Allix, (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Le corps mis en scène : armure et masculinité »
Jean Clément Martin, (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Quelle place pour les femmes dans les armées de la Révolution? »
Hervé Drévillon, (Institut de l’histoire sur la guerre et la paix, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Soldats, citoyens et hommes »
15h30 – 17h00 : Corps en Guerre
Barbara Cooper, (Université Rutgers et résidente, à l'IEA de Paris), « Implications of Military Medicine for Maternal and Infant Health in Colonial Niger »
Emmanuel Debruyne, (Université catholique de Louvain et résident à l’IEA de Paris), « Du contrôle à la terreur: les politiques prostitutionnelles dans les territoires occupés allemands d'Europe occidentale et orientale au cours des deux guerres mondiales »
Julie Le Gac, (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) « ‘Le mal napolitain’: les alliés et la prostitution à Naples (1943-1945) »
17h – 17h30 : Discussion
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