Figurer l'Exil
Colloque co-organisé par la Fondation maison des sciences de l'homme (Paris), Aix-Marseille Université, l'Université Paris 8 et l'IEA de Paris
L’expérience de l’exil met en crise les dichotomies induites par un discours « territorialisé » autour de l’identité et de la différence, l’origine et le devenir, l’autochtone et l’étranger. En montrant à quel degré ces oppositions appartiennent à l’épistémè des sociétés d’accueil et à une pensée de l’appartenance nationale, elle invite justement à en déplacer les paradigmes.
Or, cette expérience, comme tout phénomène humain, n’existe et ne prend sens que médiatisée par un ensemble de codes affectifs et culturels. Sa spécificité, toutefois, tient au fait que la figuration de l’exil convoque d’emblée une multiplicité de systèmes référentiels, au minimum une dualité entre le lieu de départ et le lieu d’arrivée, entre l’avant et l’après, entre l’individuel et le collectif, entre le communautaire et le national. Cette diversité, articulée par des temporalités et des contextes historiques distincts, se reflète dans celle des supports et des régimes expressifs choisis.
En outre, une difficulté supplémentaire surgit dans la mesure où ces cadres jouissent rarement du même statut, soit que le sujet exilé, par nécessité ou par stratégie, privilégie l’un au détriment des autres, soit que, entre sociétés d’origine et d’accueil, le partage des pouvoirs, politiques ou symboliques, matériels ou idéologiques, ne soit pas équilibré.
Il importe alors de tenter de restituer la totalité de l’expérience exilique en en analysant les modes de figuration, tant au niveau individuel que collectif, diachronique que synchronique, selon quatre déclinaisons qui constituent autant d’espaces, concrets et théoriques, pour son accueil :
- Éprouver (le rendu du vécu) ;
- Imaginer (les images et les formes) ;
- Exposer (la scène muséale et patrimoniale) ;
- Mémorer (le temps et le souvenir).
Ce colloque invite à croiser les perspectives disciplinaires autant qu’à diversifier les champs et objets à l’étude.
Coordination scientifique : Alexandra Galitzine-Loumpet, Sara Guindani-Riquier, Alexis Nuselovici (Nouss).
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