Traduire la Première Guerre Mondiale : le cas de T.E. Lawrence
Pendant ce Centenaire de la Première Guerre Mondiale, nous sommes en train de commémorer la première guerre qui fut ‘industrialisée’ à grande échelle. Si le nombre de morts était sans précédent, la façon dont cette guerre est devenue littéraire était également inédite. Beaucoup parmi ceux qui se trouvaient empêtrés dans le conflit voulaient essayer de décrire l’importance de cette rupture radicale avec le normal. Quelques-uns de ces récits ont paru pendant le conflit lui-même, tandis que d’autres ont fait partie de la deuxième vague de littérature de guerre, parue jusqu’en 1929/30. Le modèle littéraire prévalent est celui des champs et des tranchées boueux du Front Occidental. Cependant, cette journée d’étude se penchera sur le Front du Moyen-Orient et, en particulier, sur la personne de T. E. Lawrence, dont le livre de guerre Les Sept Piliers de la sagesse décrit sa participation à la Révolte arabe de 1916 à 1918. Tandis que les romanciers et les poètes de la Première Guerre Mondiale décrivent pour la plupart l’expérience d’être immobilisés pendant de longues périodes, incapables d’avancer, Lawrence décrit une guérilla rapide et mobile dans les vastes espaces du désert. Plus tard, dans les années soixante, ses expériences de guerre vont se traduire dans le film de David Lean, Lawrence d’Arabie.
Quel que soit le théâtre de guerre, la capacité d’y exister et de le décrire requiert une forme de traduction. Ici, le concept de traduction – sa racine étymologique signifiant l’acte de porter à travers un espace – n’est pas utilisé en premier lieu dans son sens linguistique. On l’utilise plutôt pour suggérer la difficulté de comprendre et de communiquer le trauma du champ de bataille. Comment l’expérience de Lawrence se traduit-elle en termes littéraires, psychologiques et visuels ? Comment ces expériences sont-elles reçues par ses contemporains, et par d’autres observateurs jusqu’à nos jours? Comment est-ce que les réponses à ces questions contribuent à notre compréhension du rôle de Lawrence dans la Révolte arabe et dans le contexte plus large de la Première Guerre Mondiale ? Nous aborderons ces questions avec l’aide de spécialistes en histoire, biographie, philosophie, étude des médias et critique littéraire.
Christophe Leclerc (auteur, biographe) : ‘T. E. Lawrence et Edouard Brémond : Deux Visions du Moyen-Orient, Deux Expériences de la Guérilla’.
Henri Laurens (Collège de France) : ‘La Place de Lawrence dans la Première Guerre Mondiale’.
Jeremy Wilson (Université de Bristol) : ‘Two-thirds of a Life: The Challenge of Writing about T. E. Lawrence’.
Barbara Cooke (Université de Leicester) : ‘”As the war gets more distant, it gets more horrible, truly”: Reading Lawrence’s The Mint as a Working-through of Wartime Trauma’.
Marie-Dominique Montel (réalisatrice) : ‘TE on TV: Re-interpreting Lawrence for a Television Generation’, avec une projection de T. E. Lawrence, Lawrence d’Arabie (1888-1935), France 3, Collection ‘Un siècle d’écrivains’.
Dúnlaith Bird (Université de Paris-Sud) : ‘Seeding the Desert : Spycraft, Sedition, and Suspicion in the Wartime Work of Gertrude Bell and T.E. Lawrence’.
Translating the First World War 01 February 2015 - 30 June 2015 |
|
Workshop organised by Mary Bryden, fellow at the Paris IAS |
|