Mensonge et Aveu
Présentation
Le mensonge, tant public que privé, a toujours existé. Néanmoins, notre propension à la duplicité est aujourd’hui exacerbée par les nouveaux réseaux sociaux qui donnent à l’individu un pouvoir de manipulation de l’information sans commune mesure, un pouvoir qui est lui-même facilitateur de nouvelles violences tristement constatées ces derniers temps.
Est-il normal de mentir et pourquoi? D’où vient notre propension à cultiver des pensées doubles, à se duper soi-même autant qu’à duper l’autre? Quelles sont leurs origines? La duperie est-elle inscrite dans le cerveau? Les enfants apprennent-ils à mentir ou le font-ils par nature autant que par nécessité? Faut-il mentir pour survivre? Comment concevoir la duplicité et le mensonge qui depuis toujours façonnent nos vies, de même qu’ils façonnent celles des autres animaux dont la survie dépend de la feinte, du bluff instinctif et autres camouflages héréditaires?
A la différence des autres animaux, nous nous interrogeons sur le mensonge et en tirons des conséquences bien au-delà de l’expérience vécue dans l’urgence du présent. La duplicité humaine est consciente et intentionnelle. Elle peut s’associer à de la culpabilité, mais aussi à de la colère vengeresse par la réalisation d’une vérité cachée.
Duplicité et mensonge chez l’homme créent la possibilité de l’aveu : le débusquement de la tromperie, la lumière sur ce qui est ou a été sciemment caché. C’est donc aussi la source directe du scandale et de l’outrage public. Historiquement, la mise à jour publique de la duplicité et des mensonges du pouvoir (par exemple les récentes révélations de Wikileaks ou Mediapart), relayées par d’autres tapages médiatiques mensongers sont parfois la cause de bouleversements politiques majeurs (par exemple le printemps arabe d’il y a deux ans). C’est aussi la source des excès fanatisants nourris par les nouveaux réseaux sociaux (Charlie Hebdo).
L’objectif de cette journée d’étude est de donner champ libre à la réflexion de chercheurs dans diverses disciplines des sciences humaines et sociales. L’idée est de révéler comment ces chercheurs traitent et comprennent la question de la duplicité et du mensonge dans leur champ propre de réflexion et de recherche: comment ces chercheurs conçoivent place et fonction de la duplicité et du mensonge dans tout ce qui nous lie à autrui. Le but est ainsi de fournir à tous les moyens de mieux saisir ce que recouvre la duplicité et ce qui pousse à tromper l’autre dans nos communications.
Philippe Rochat (Université d'Emory (USA), IEA de Paris)
Motivation : La question du mensonge et de son éventuel aveu ou débusquement public.
Recherche: « Double-face de la morale ordinaire: Origines d’un soi social naturellement enclin à la dissociation »
Laurent Cordonier (Université de Lausanne)
Psycho-biologie comparée du mensonge : Camouflage et tromperie dans l’évolution animale
Alain Berthoz (Collège de France)
Point de vue des neurosciences : Pluralité d’opinions et de perspectives
Joelle Proust (Institut Jean Nicod/ENS)
Mensonge et métacognition : La fonction de la communication n'est pas d'être véridique
Lisa Ouss (Hôpital Necker & David Cohen/Hôpital de la Pitié-Salpêtrière)
Mensonge : le point de vue de psychopathologues d’enfants et adolescents
Fabienne Audeoud (artiste)
Mensonge et aveu dans l’art contemporain : Où et comment ça ment, parfois, en art
Gloria Origgi (Institut Jean Nicod/ENS)
Réputation et mensonge : Peut-on se mentir à soi-même? Moi social, réputation et mensonge
Pierre Ferreri (Ministère de la Justice - PJJ)
Mensonge et justice : Mensonges et croyances
Identity, prejudice, and duplicity in development 01 October 2014 - 31 December 2014 |
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Journée d'étude interdisciplinaire organisé par Philippe Rochat, résident à l'IEA de Paris |
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