Stella Ghervas
Docteur en histoire de l’Université de Bucarest et docteur ès lettres (mention «études européennes») de l’Université de Genève, Stella Ghervas est également titulaire d’une maîtrise en philosophie et sciences politiques de l’Université de Saint-Pétersbourg et d’un DEA/Master en études européennes de l’Institut européen de l’Université de Genève.
Elle est également directrice d'études associée (DEA) à la Maison des Sciences de l'Homme (Paris), collaboratrice scientifique à l'Institut d'études sud-est européennes de l'Académie Roumaine (Bucarest) et contribue au programme d'échange inter-académique Relations de la Russie avec la Roumanie et les pays du Sud-Est de l'Europe (XVIIIe-XXe siècles) avec l'Institut d'Études slaves de l'Académie Russe (Moscou).
À partir de janvier 2011, elle sera Visiting Associate Professor à l'Université de Chicago (États-Unis). Maître assistante jusqu'en 2005 à l’Institut européen de l’Université de Genève (IEUG), elle a coordonné le Groupe d’études des imaginaires européens (GEIE) du Centre européen de Coppet. Elle a également été chargée de recherche à l'Institut universitaire des hautes études internationales (IUHEI) de Genève et enseignante-chercheure à la Maison des Sciences de l'Homme (MSH) et à l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) de Paris.
Ses travaux de recherche et ses enseignements s’inscrivent dans une histoire générale de l’Europe prise comme un tout, à la fois dans le temps (du Congrès de Vienne à nos jours) et dans l’espace (qui considère à la fois l'Ouest et le Sud-Est ainsi que la Russie), à la frontière entre l’histoire des idées et celle des relations internationales.
Stella Ghervas est également l'auteur de nombreuses publications, dont plus de 30 études de spécialité consacrées à l’histoire culturelle et politique européennes et en particulier les relations intellectuelles entre les pays de l’Europe de l’Est (Russie, Sud-Est européen) et l’Occident aux XIXe-XXe siècles. Elle a rédigé plusieurs articles et comptes rendus sur des thèmes de géopolitique du monde orthodoxe et sur les imaginaires politiques et culturels européens. Elle est enfin l'auteur de deux monographies relatives aux mouvements politiques et religieux de la première partie du XIXe siècle (Europe de la Sainte-Alliance, Restauration), coordinatrice et éditeur de deux volumes collectifs relatifs à l’histoire et à la géographie de l’Europe, avec un accent particulier sur la question de l’identité européenne (dans une perspective à la fois comparative et transnationale).
Son ouvrage Réinventer la tradition. Alexandre Stourdza et l´Europe de la Sainte-Alliance a reçu en 2009 le prix Guizot de l'Académie Française et en 2010 le prix Xenopol de l'Académie Roumaine.
L'Europe élargie, de la Sainte-Alliance au Traité de Lisbonne. Une approche historique des fondements culturels de la construction européenne.
Ce projet de recherche part du constat que l’Union européenne vit une crise d’identité, suite à un élargissement territorial qui l’a poussée aux limites de son modèle de fonctionnement. Sa difficulté semble résider dans de profondes divergences à propos d’un socle d’idées fondamentales concernant l’Europe idéale à créer, sur les plans politique, social, économique et spirituel, et qui ont été à l’origine de rejets populaires des projets de traités en France, au Pays-Bas et en Irlande. En d’autres termes, il manquerait un consensus suffisant sur l’essence de ce que nous convenons d’appeler la "conscience européenne". Quelles sont ces idées controversées ? D’où viennent-elles ? Quels référents (aspirations, événements du passé, mémoires ou imaginaires), ont-elles convoqués dans l’esprit des électeurs pour susciter un tel débat ?
Dans une perspective historique, mais en empruntant certaines méthodes aux sciences sociales et politiques, ce projet souhaite examiner ces référents pour en dégager des éléments d’analyse du présent. Pour ce faire, un changement de perspective épistémologique est nécessaire, qui implique notamment un élargissement de focale dans l’observation du temps et de l’espace, c’est-à-dire en remontant au-delà de la date conventionnelle de 1945 et en considérant l’ensemble de l’Europe élargie.
Sur le plan temporel, on a en effet coutume d’associer le départ de la construction européenne à des circonstances nouvelles, qui sont la chute des dictatures fascistes à la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création du bloc soviétique (1945-1950). Or, les camps idéologiques qui s’affrontent aujourd’hui sur les " idées de l’Europe " étaient alors déjà constitués; pour les comprendre, il faut remonter à l’époque où ils se sont formés (le XIXe siècle). Par ailleurs, les circonstances qui ont donné naissance à la Communauté européenne, puis à l’Union ne sont pas entièrement inédites. Il est en effet possible de citer deux expériences précédentes, où la quasi-totalité de l’espace européen actuel était représentée : celle du Congrès de Vienne (1814-1815) qui a vu naître un éphémère esprit confédéral avec la Sainte-Alliance, et, après la Première Guerre mondiale (1918-1921) le processus qui a débouché sur la création de la Société des Nations.
Pour éclairer cette évolution, ce projet se propose de faire une étude chronologique des principes et valeurs exprimés dans les textes de traités politiques qui ont joué un rôle de premier plan dans l’histoire de l’Europe (de la Sainte-Alliance au Traité de Lisbonne) en mettant tout particulièrement l’accent sur les contextes, les idées (philosophiques, sociales, etc.) et les milieux qui les ont portées. C’est un objet de recherche foncièrement pluridisciplinaire à l’intersection de différentes approches historiques (histoire des idées, culturelle, politique et sociale), avec des outils empruntés aux sciences sociales et politiques. L’objectif est de développer, dans l’environnement de l’IEA-Paris, un outillage conceptuel et une approche méthodologique qui, en apportant un éclairage nouveau sur les débats d’idées autour des traités européens, pourraient contribuer à une meilleure compréhension des fondements culturels de l’Europe.
Seminar organized by Stella Ghervas (Paris IAS fellow) Talk by Stella Ghervas (Paris IAS fellow) Seminar organized by Stella Ghervas (Paris IAS fellow) |
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