Abstract

Cette étude de la théorie de Axel Hägerström est articulée en quatre points. En premier lieu, il convient de rappeler un aspect peut-être moins connu chez l’auteur, mais qui mérite toutefois une attention particulière, c’est-à-dire sa position méta-éthique qui est l’aspect déterminant pour lui conférer le titre de père du non-cognitivisme moderne. Il s’agira notamment de se rapprocher de son discours inaugural à l’Université d’Uppsala, De la vérité des propositions morales qui remonte au 1911, texte à l’origine de toute une série de débats animés, voire enflammés, au cours des années 1930 et 1940, auxquels Hägerström devait sa qualification de nihiliste axiologique. En deuxième lieu, j’examinerai pourquoi il ne s’agit pas d’un véritable nihilisme, de façon à écarter un premier malentendu souvent véhiculé par l’appellation et à mieux illustrer la position de Hägerström devant la loi de Hume. En considérant le propre de la conception de Hägerström, mon intention est, en troisième lieu, de discerner les argumentations qui permettent de revendiquer sa position comme la première forme de non-cognitivisme moderne: ainsi nous faut-il distinguer cette posture méta-éthique du relativisme moral classique et du conventionnalisme hobbesien. Enfin, je tâcherai de cerner avec précision quelle est la stratégie argumentative de Hägerström et en quoi consistent les quatre thèses principales du nihilisme axiologique, de façon à pouvoir situer Hägerström face aux questions contemporaines soulevées par l’"entanglement".