Lecture by Terence Cave, 2019-20 Paris IAS Fellow, within the seminar "Passions et émotions à l'âge classique, entre philosophie et littérature" organized at ENS.
Presentation
“Il y a peu de relation de nos actions, qui sont en perpetuelle mutation, avec les loix fixes et immobiles.” (Montaigne, III.13)
Les termes dont nous disposons pour parler des émotions ne renvoient pas à des concepts universels, encore moins à des états cognitifs ayant une signature précise (Barrett 2017, Jasper 2018 ; voir aussi Ekman 1998). Il ne capturent pas non plus la « granularité » des émotions telles qu’elles sont ressenties par l’individu dans un contexte particulier. Historiquement, de tels problèmes ont été abordés par les philosophes, d’Aristote à La Rochefoucauld, au moyen d’une redescription (paradiastole) des termes conventionnels.
Puisque le discours littéraire a l'avantage de suppléer à la pauvreté du langage affectif conventionnel en incarnant les émotions dans toute leur granularité, il pourrait éventuellement nous servir de modèle pour une approche qui passerait derrière le découpage formel du champ cognitif.