2022 : encore une année intense à l’IEA de Paris ! Dans le contexte de crises qui est devenu notre quotidien et notre futur, la recherche fondamentale qui est la mission principale de l’Institut, aurait pu passer à l’arrière-plan derrière les urgences des guerres, de la pandémie, des catastrophes climatiques, des instabilités politiques, des mouvements sociaux et migratoires qu’elles entraînent. Il n’en a rien été. Le côté utile des crises empilées est la prise de conscience par toutes et tous que le passage à l’action pour gérer les transitions est inévitable. Et que la contribution des sciences de l’homme et de la société est indispensable pour informer cette action. Jamais la science n’a été aussi sollicitée, et les travaux de l’Institut ont donc été très attendus et suivis.

En ce sens, la nouvelle orientation de l’Institut, avec une priorité accordée aux problèmes sociétaux et à l’intelligence collective, avec la mise en place de plateformes de recherche collaboratives pour une recherche interdisciplinaire, internationale mais aussi intersectorielle, cette orientation a montré son utilité. Les travaux ou conférences de nos fellows illustrent sa pertinence : citons seulement ceux de Mykola Riabchuk (crise ukrainienne), Valentin Behr (crise des démocraties libérales), Margarita Boenig-Liptsin (risque algorithmique et dignité humaine), Anna Caffarena (approche chinoise de la gouvernance mondiale), Susan Clayton (anxiété environnementale), Paul Emmelkamp (stress post-traumatique des réfugiés), Elieth Eyebiyi (économie informelle en Afrique), Sheldon Garon (guerre contre les populations civiles), David Kanter (pollution par les nitrates), Emmanuel Kreike (environcide dû aux conflits armés).

Quant au cycle « Agir en temps de crise », conçu en collaboration avec l’EPHE-PSL, il a étudié cette année l’épidémie d’Ebola, les crises financières, la crise des banlieues, et la grande tempête de 1999. Trois groupes de jeunes chercheurs recrutés dans le cadre du programme CAT initié par l’IEA avec une douzaine d’autres instituts d’études avancées européens ont quant à eux travaillé sur la souffrance dans les maisons de retraite, le remodelage socio-écologique des villes, et les modes de lutte contre la corruption.

Naturellement l’IEA a accueilli des recherches sur bien d’autres questions moins brûlantes mais tout aussi passionnantes, de l’apprentissage (Elizabeth Spelke) à l’histoire de la poésie (Sonia Gentili), en passant par la théorie de la complexité computationnelle (Walter Dean). Etc.

Nous avons accueilli une centaine d’événements scientifiques.
Un nouveau membre institutionnel a rejoint l’IEA (l’Université Gustave Eiffel).
Nous avons une nouvelle présidente (Bettina Laville succède à Dominique Schnapper).
Nous avons changé de directeur scientifique (Paulius Yamin a succédé à Simon Luck).
Nous avons lancé de nouveaux programmes.
Etc.
Je manque de place pour décrire même une petite partie de ce qui s’est passé ; on ne m’a accordé que 3000 caractères espaces compris… Lisez ce rapport !

Saadi Lahlou
Directeur de l'IEA de Paris