Bien juger : du symbole aux actes
Conference organized by Valérie Hayaert, 2016-2017 Paris IAS fellow
Presentation
Le 30 juin 2017, le nouveau Tribunal de Justice de Paris a été livré. Voulu par son architecte, Renzo Piano, comme « le symbole fort du Grand Paris », celui-ci va modifier profondément le paysage urbain et le rapport que la capitale entretient avec sa périphérie. L’architecte génois inscrit son édifice dans la tradition de l’humanisme civique, sur le socle de la civitas que l’on peut traduire par le vivre ensemble. Il s’agit avant tout de rompre avec le modèle architectural du Temple de la Justice inventé au XIXe siècle, qui, malgré sa cohérence, visait avant tout à culpabiliser et intimider les justiciables. La nouvelle symbolique, comme le souligne Antoine Garapon, tend à un nouvel équilibre entre la nécessaire solennité des lieux, leur insertion dans la ville et l’attention portée aux justiciables, tout en se gardant de banaliser le lieu où l’on rend la justice.
À cette occasion, et dans la mesure où cet édifice est le premier jalon d’un temps fondateur, il nous a paru judicieux de proposer un double événement qui lie la visite in situ de cet édifice à deux jours de réflexion et de débats sur ce que pourrait être la symbolique judiciaire à l’aube du XXIe siècle. Il est nécessaire de saisir la fonction symbolique de la justice pour réfléchir sur sa visibilité dans la cité et sur l’image qu’elle donne d’elle-même à ses justiciables.
Depuis quelques décennies, l’architecture judiciaire a connu un renouvellement profond et il apparaît que l’ancienne symbolique (les mythes -Astrée, Diké ou Thémis-, les images de la Loi, les statues et programmes allégoriques) ne parle plus au plus grand nombre et semble d’un autre âge. Les élites sont rejetées et les programmes symboliques anciens semblent renvoyer à une transcendance numineuse aujourd’hui caduque. Le palais de Justice contemporain repose bien souvent sur un impératif de transparence : c’est la notion d’accountability qui prime et qui est traduite par l’omniprésence du verre. Or ce fantasme panoptique, très visible dans notre société, n’est pas toujours bien perçu ni admis par ceux qui le subissent. Que signifie alors pour un architecte, un anthropologue mais aussi un usager du bâtiment, ce défi sociétal qui consiste à inventer une nouvelle symbolique judiciaire ?
Le but de ce colloque est de réunir plusieurs approches (philosophie, histoire du droit et de l’architecture, histoire de l’art, sociologie et anthropologie) pour élaborer un point de vue critique sur l’ébullition en cours. L’histoire et la sémiologie des décors de justice contemporains constituent un champ de recherche largement ouvert, qui se situe au cœur des interrogations actuelles sur les missions de la justice dans la société contemporaine. Le défi est lancé à notre démocratie car sans efficacité symbolique, son message risque de devenir moribond.
Program
Wednesday, November 22th
13:45 Accueil du public
14:00 - 16:30 Les libraires au Palais
- Introduction historique :
Le commerce de librairie au Palais de la Cité
Nicolas Lyon-Caen (Chargé de recherches au CNRS, IHMC) - Présentation de plusieurs ouvrages à la croisée du droit et de la littérature
Fabrice Defferrard (Directeur éditorial chez Mare & Martin et auteur) - Présentation de l’exposition La Loi, entre vous et nous (Grilles du jardin du Luxembourg, de sept. 2017 à janv. 2018)
Noëlle Herrenschmidt (Journaliste reporter, à propos du dessin d’audience) - Présentation de la revue Droit et Littérature
Yves-Edouard Le Bos (MCF, Paris III Sorbonne nouvelle) - Présentation d’ouvrages sur les séries judiciaires
Barbara Villez (Professeur à Paris VIII)
16:30 - 16:45 Pause
16:45 - 17:30 Juger et raconter, quel rapport ?
François Ost (Professeur à l’Université Saint-Louis, Bruxelles, membre de l’Académie royale de Belgique, dramaturge)
17:30 - 18:00 Pause
18:00 - 21:00 Lecture théâtrale : La nuit la plus longue. Sade et Portalis au pied de l’échafaud
Pièce de François Ost, mise en espace Jean-Claude Idée, production Magasin d’écriture théâtrale à Bruxelles, Universités populaires du Théâtre (Bruxelles, Paris, Avignon)
- 18:00 - 18:15 Présentation et contexte
- 18:15 - 19:45 Lecture théâtrale
- 19:45 - 21:00 Débat avec le public, illustré de lectures d'autres pièces de François Ost (Antigone voilée et Camille Claudel)
Thursday, November 23th
8:30 Accueil du public
9:00 - 10:45 Les peines symboliques
Présidente de séance : Haritini Matsopoulou (Professeur de droit pénal, Université Paris-sud, directrice de l'IEJ)
9:15 - 9:45 Le crime, muse du châtiment : la symbolique de l’infraction dans l’exécution des peines dans le ressort du parlement de Flandre
Sébastien Dhalluin (Historien du Droit, Université de Limoges, OMIJ)
9:45 - 10:15 Dame Justice et le bailli humilié : Le bailli devant Dame Justice par Guillaume Dannolle (XVIe siècle)
Valérie Hayaert (résidente 2016-2017 de l'IEA de Paris)
10:15 - 10:45 Des traces et des hommes. Imaginaires à travers des gravures et graffiti du Château de Selles – Etudes et valorisation d’un patrimoine historique et social
Alice Cornier (Directrice du Musée des Beaux Arts de Cambrai) et Nicolas Mélard (Conservateur archéologie au C2RMF)
10:45 - 11h00 Discussion
11:00 - 11:15 Pause
11:15 - 12:45 Les représentations artistiques de la justice
Présidente de séance : Xavier Perrot (Directeur de l'OMIJ et Professeur d'histoire du droit à l'Unievrsité de Limoges)
11:15 - 11:45 La justice à l’opéra
Franck Monnier (Historien du Droit, Université de Versailles Saint Quentin)
11:45 - 12:15 Dame Justice au cinéma
Nathalie Goedert (Historienne du Droit, Université Paris Sud, OMIJ)
12:15 - 12:45 Le dispositif du procès dans les performances d’art contemporain
Ninon Maillard (Historienne du Droit, Université de Nantes, DCS UMR 6297)
12:45 - 13:00 Discussion
13:00 - 14:30 Pause déjeuner
14:30 - 16:15 La symbolique judiciaire dans les Palais de Justice contemporains
Président de séance : Antoine Garapon (Magistrat, secrétaire général de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice)
14:30 - 15:00 La constitution bâtie. Diaphanité et intemporalité de l’architecture juridique
Carolin Berhmann (Historienne d’art, directrice du projet d’iconologie des images juridiques à l’Institut Allemand d’Histoire de l’Art de Florence « The Nomos of Images »)
15:00 - 15:30 Le juge international en son palais – heurs et malheurs
Catherine Kessedjian (Professeur émérite de l’Université Panthéon-Assas Paris II, Vice-Chair de l’International Law Association et Présidente de sa branche française)
15:30 - 16:00 La construction du siège de la Cour pénale internationale à la Haye, entre symbolique et polémiques
Virginie Saint-James (MCF, Université de Limoges, Faculté de droit et des sciences économiques, OMIJ-IiRCO)
16:00 - 16:15 Discussion
16:15 - 16:30 Pause
16:30 - 18:15 Le droit vu par des artistes
Président de séance : Frédéric F. Martin (Professeur d'histoire du droit, Université de Nantes)
16:30 - 17h00 Den Norske Idealstaten (The Norwegian Republic) is an art project consisting in rewriting Plato’s Republic with the people of Norway
(présentation en anglais)
Alt Går Bra (artistes plasticiens)
17:00 - 17:30 La justice dans.e le.s corps
Béatrice Villemant (danseuse et performeuse)
17:30 - 18h00 Que peut voir un artiste à La Haye aujourd’hui ? Et que peut-il donner à voir ? (Observations à partir de la transcription poético-juridique du procès Katanga et Ngudjolo par Franck Leibovici et Julien Seroussi)
Joel Hubrecht (Institut des hautes études sur la justice (Responsable du programme justice pénale internationale et justice transitionnelle))
18:00 - 18:30 Discussion
18:30 Conclusion du colloque et directives pour la publication des actes
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Allegories of Justice in Europe. The symbolic thinking of an incarnate form (ca. 1450 until today) 01 February 2017 - 30 June 2017 |
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