Dans la perspective d’une synthèse sur l’histoire du crime et de la justice criminelle en Europe occidentale (13e-20e s.), le projet de recherche à l’IEA se focalise sur une période cruciale des transformations des rapports au crime observées dans le monde occidental (1750-1950). L’objectif est de lier trois problématiques souvent traitées de manière isolée : la formation de l’Etat et les dynamiques sociopolitiques de monopolisation étatique du droit de punir le crime, l’extension globale des modèles de justice occidentale à travers la création d’Empires coloniaux et les expériences de brutalisation subies par l’Europe durant les deux guerres mondiales. Selon les configurations nationales, ces tendances lourdes génèrent des réactions variées des individus, groupes et communautés (résistances, instrumentalisation, compromis, soumission). L’analyse veut prendre en compte les différents niveaux d’échelle des interactions entre Etat et populations (transnational, national, régional, local), autour de quatre axes de la réaction judiciaire au crime : définir, poursuivre, juger et sanctionner les déviances et leurs auteurs. Pour s’interroger enfin sur les modalités de construction des représentations savantes et populaires du crime et leur fonction dans les sociétés contemporaines.